Extrait du journal

fluence, mais bien plutôt souligner ce qu’elle a de paradoxal, parce que les révolutionnaires ont coutume de se retourner furieusement contre ceux d’entre eux qui sont soupçonnés do modérantisme, et que les modérés ont généralement la rancune tenace contre ceux qui se sont fait une réputation comme révolutionnaires. L’originalité de M. Lerroux, et son habileté, c’est d’avoir su persuader Ci tous qu’il n’y a pas rupture entre la première et la seconde phase de sa vie politique, et, en mémo temps, d’avoir su persuade', d’une part, aux modérés que son passé révolutionnaire le qualifie pour faire accepter aux révolutionnaires les solu tions de la raison politique, et, d’autre part, aux révolutionnaires, que l’on pourra faire collaborer les modérés aux réformes nécessaires, si ces réfor. mes sont réalisées dans l’ordre et en tenant compte de tous les faits. Cette attitude (le M. Lerroux ne date pas d’hier; elle est antérieure à la révolution, et c’est la une des raisons de son succès : elle est de quelqu’un qui, au lieu de s’adapter plus ou moins adroitement aux faits accomplis, a su prévoir les événements. Mais, en outre, elle répond à une aspiration, confuse peut-être, certaine cependant, do l’es prit public. Et si nous cherchons d’où vient cette disposition de l’esprit pu blic, voici, entre autres, deux éléments qui nous paraissent être intervenus ici : L’esprit public, peu éduqué en Espagne, entend pourtant la leçon de quelques grands faits historiques. I/un ce ces faits, en l’occurrence, est la révolution russe. Dans ce pays d’Es pagne où, malgré des progrès incon testables, on lit encore assez peu, le jubile absorbe beaucoup plus qu’en France les publications qui concernent la révolution russe. 11 y a bien des affinités entre l’âme espagnole et l’Ame russe, et plus d’une ressemblance entre...