Extrait du journal

du parc et cessa d’être en vue, Jeanne, pous sant un soupir, essuya du revers de sa main mignonne ses paupières humides. — Seule ! murmura-t-elle, me voilà seule! C’est la première fois!... Mais dans quinze jours mon père reviendra... Il me l’a bien promis... Quinze Jours passent vite... La jeune tille était tête nue, et les rayons d’un soleil brûlant tombaient d’aplomb sur la façade du petit château. Une sorte de buée lumineuse semblait se dégager dos pelouses et tremblotait dans l’atmosphère comme aux jours les plus chauds de l’été. Jeanne rentra, s’assit dans lo salon près d’une fenêtre, tira de sa poche une bourse de lilot il l’ancienne mode, et la secouant un peu fit scintiller et cliqueter sous les mailles les pièces d’or qu’elle contenait. — Il m’a laissé beaucoup d’argent, ce bon père, murmura-t-elle, trop d’argent! cinq cents francs! une somme pareille, pour moi toute seule et pour quelques jours! quelle folie! Jo ne la dépenserai certes pas! je ne dépenserai rien... et Je ne ferai point d’économies cependant... tout sera pour mes pauvres... Sans sc préoccui>er de l’écrasante cha leur, la jeune fille de Jules Leroux attacha sur sa 1 telle chevelure blonde son grand chapeau de paille orné d'un bouquet de fleurs des champs, mit dans sa poche une vingtaine de francs en menue monnaie, prit uno ombrelle de toile de la môme couleur que sa robe et se disposa à sortir. Sous le vestibule, elle rencontra Joseph, le valet de chambre rustique. — Mam’zelle Jeanne, fit-il, Monique m’en vole vous demander si toutefois, pendant que votre papa est parti, vous voulez man ger matin et soir, aux mêmes heures, comme d’habitude? — Dites à Monique que je lui donnerai peu de besogne, répliqua la jeune fille en souriant. Bien ne sera moins régulier que mes repas pendant l’absence de mon père. Je mangerai à n’importe quelle heure et sans me mettre à table. 11 me suffira de fort peu de chose... du pain, du lait, des fruits... Un morceau de viande iVoide durera toute une semaine... Il est donc inutile de faire de la cuisine... Vous avez compris ? — Oui, mam’zellu Jeanne, j’ai bien com...