Extrait du journal

Au témoignage de tous ses hôtes, l’Al gérie est un coin de paradis, lorsque les criquets et les antisémites n’y exercent pas leurs ravages. Mais si puissants que soient ses charmes ils n’avaient pas en core ébloui M. Rochefort, ce bon vieillard qu’on y mène en hivernage pour le sous traire aux tentations de la roulette de Monaco, quand il se livra au déborde ment d’enthousiasme sous lequel il sub mergeait hier la première colonne de son journal. « Victoire grandiose, écrivait-il ; dé lire populaire, etc., etc... » Puis avec malice il ajoutait : a La preuve qu’on ne m’a pas jeté de pommes cuites, crest qu’il n’y en a pas dans le pays. » Nous ne trouvons rien à répliquer. Nous constatons même que la logique de M. Rochefort résiste à l’effort des ans. Ce n'est pas comme le reste, Donc l’Algérie ne produit pas de pommes cuites. Ce fruit malhonnête pour lequel M. Rochefort éprouve une aversion pres que aussi forte que cet autre ancêtre qui s’appelle Adam, ne troublera pas ses vi sites dans les rues de l’éblouissante cité. Ses intestins n’ont d’ailleurs que trop d’occasions, sans, celle-là, de se mettre en débâcle. Voilà pourquoi il s’est senti pris tout de suite d’un amour violent pour les Algé riens. Il en perd le sens exact des mots. . Ainsi, quand il est en France, il passe son temps à demander l’expulsion des cosmopolites, naturalisés français qui se soustraient au service militaire. A Alger, son patriotisme s’exhale en accents contraires. Les bons, les vrais Français nous viennent de l’Etranger.Témoin son cornac, Max Régis, qui se fit naturaliser il y a trois ou quatre ans. De plus, il ne peut se faire à l’idée que le Parlement va astreindre les Algériens au service de trois ans, comme les cama rades de la M étropole. A peine débarqué, nettoyé des émo tions que son triomphe lui avait coûtées, et remis dans du linge propre, il a re trouvé la parole pour discourir sur ce thème. Nous nous contentons de signaler ses contradictions, afin que le public sache...