Extrait du journal
le sujet d’étonnement, c’est la crédulité de l’Europe. Le projet fut accepté parce que loin de donner quelque satisfaction aux peuples intéressés, il raffermit singulière ment la position du sultan en Macédoine. Avec la sanction de l’Europe même, celle ci est ainsi livrée, pieds et poings liés, à la merci de son bourreau. Car lesdites réformes ne contiennent rien qui soit nouveau et qui n’ait déjà été « promulgué » par la gracieuse volonté du sultan dans ses iradés par trop pla toniques. Ce sont des paragraphes plus ou moins sonores et menteurs. Le point es sentiel brille par son absence, qui pouvait être la preuve de la sincérité du projet et sa réelle garantie. Et ce point, c’est le contrôle direct et permanent de l’Europe sur la réorganisation du pays. Quoi d’étonnant alors que le bourreau paraisse si... magnanime? Il a été toujours prompt à accepter toute sorte de projets, pourvu que l’Europe soit étrangère à leur exécu tion. C’est que le tyran a sa manière de tenir ses engagements : par le fer, par le feu et par le sang. L’Europe a fait un acte qui est tout comme celui du berger qui confie au loup la garde des brebis. Et c’est pour cela que tout projet, même contenant des réformes et les plus merveilleuses pro messes, n’en restera pas moins lettre morte. Vraiment, les grandes puissances ou blient trop facilement les engagements formels qu’elles ont contractés par le traité de Berlin pour la solution « sans retard » de l’ensemble des articles 23 et 61. Elles savent cependant que pour don ner satisfaction aux droits naturels des peuples intéressés, en Turquie, pour mettre fin aux massacres et aux troubles incessants, pour préserver par conséquent l’Europe d’une guerre qui a tout moment menace d’éclater, il n’y a qu’une poli tique, qu’une voie à suivre, qu’un intérêt supérieur : c’est de supprimer les causes, devenues chroniques, d’une situation in tolérable qui à chaque instant fait tres saillir l’Orient et menace de jeter l’Europe entière dans les pires désastres. Si le sang arménien, le sang macédonien ne font rougir que le sol de l’Orient, et si ce fait n’a pas de valeur pour la diplomatie, sur qui devra-t-elle tomber, la responsabilité terrible, lorsque nos frères européens se ront jetés dans une conflagration géné rale? Mais quoi qu’on en dise, il y a un fait accusateur, un fait historique qui se dresse chaque jour devant l’Europe. Le sang des Arméniens et des Macédoniens l’oblige à s’occuper delà question d’Orient. La diplomatie européenne s’efforce de la nier, mais c’est en fermant les yeux. Sous la question arménienne et sous celle de Macédoine, se trouve un volcan : les désordres administratifs, économiques et sociaux du pays. Ils n’ont qu’une solu tion. Réorganiser les pays intéressés sur des bases équitables, permettant le libre développement delà vie de ses peuples ; — telle est, aujourd’hui plus que jamais, la seule tâche qui incombe à la diplomatie européenne, et cela au double point de vue humanitaire et politique. Les moyens pour arrivera ce but, les moyens pacifique ment suggestifs et efficaces ne lui man quent pas : nous avons vu des précédents, même très récents. La diplomatie aurat-ello la bonne volonté d^accomplir son devoir historique, ou bien faillira-t-elle une fois de plus ? A. NAZARBEK....
À propos
La Petite République française – puis socialiste de 1898 à 1905 – fut une feuille républicaine à cinq centimes lancée en 1876 qui connut un succès relatif dans les premières années de la Troisième République. Satellite de La République française de Gambetta, les deux publications deviennent indépendantes en 1878 avant que la diffusion du journal ne s’amenuise à la mort de ce dernier en 1882.
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