Extrait du journal

visité. Le spectacle de la Seine, au moment où elle se sépare en deux bras, est réelle ment imposant, L'estacade de bois qui relie Vile Saint-Louis au pont est disloquée par les matériaux charriés par la Seine, On com mence ù en démolir le tablier. Le pont des Arts, dont on ne voit plus qu’une partie de l'armature de fer, amasse également des épaves et serait, dit-on, me nacé. Mais la situation est particulièrement gra ve à Bercy, dont les entrepôt sont envahis par les eaux et dont les quais menacent de s'écrouler. Le boulevard de Bercy est, depuis hier, interdit à la circulation ; on craint des éboulemenfs sur toute sa longueur. A la Râ pée, des entrepôts menacent de s’écrouler aussi. L'eau continue à monter quai d'Auteuil et de Passy. Les tramways ne circulent plus. A la gare d’Orsay on a installé deux ma chines sous la marquise donnant rue de Bel1 reliasse pour fournir l'électricité à l'hôtel. Une grande quantité de boulangeries en vahies par les eaux ne peuvent plus cuire de pain. De nouvelles et nombreuses rues son inon dées. Un peu partout on craint que les égouts sur lesquels 1 eau opère une pesée énorme, ne crèvent brusquement. L un d eux a crevé sous le boulevard de Bercy qui menace de s'écrouler. Une maison de la rue Traversière menace ruine. Des affaissements de terrain se produisent de tous côtés ; ù la Cité, quai aux Fleurs, avenue de Versailles, quai Voltaire, etc., etc. La circulation interdite sur le pont de l’Alma On éprouve de très vives craintes au sujet du pont de l’Alma, que l’eau bat furieuse ment et sur lequel elle exerce des poussées formidables. A l’aide d’instruments spéciaux on a pu constater que le pont subit die conti nuelles oscillations. Aussi, dans l'après-midi a-t-on dû interdire la circulation sur le pont. Il est fortement question de faire sauter au moins le tablier. Les nouveaux quartiers de Paris Inondes Nous annoncions hier dans notre dernière heure que le frottoir de la rue de Lille, der rière la gare d'Orsay, avait été envahi par les eaux. Voici comment s’est produit l'accident. On sait que la gare est complètement noyée ; il y a près de huit mètres d’eau à l'intérieur. Or, la gare s’étend sous la rue de Lille, dont le niveau est plus bas que le niveau des eaux à l’intérieur. Celles-ci exerçaient donc une pression de bas en haut sur la chaussée et le frottoir qui résistèrent néanmoins. Ce sont les plaques de verre qui s'étendent le long du trottoir et qui sont destinées à don ner un peu de jour à l'intérieur qui sautè rent au nombre de sept ou huit. L’eau s’échappa en bouillonnant et envahit aussitôt les lues de Lille, de Poitiers, de Verneuil,de l’Université, etc., etc. A l’angle de la rue de Poitiers et de la nie de Lille, il y avait, hier après-midi, plue d’un mètre d’eau. On envoya sur les lieux deux canots et une prolonge d'artillerie pour faire le service des maisons bloquées. Mais l’eau n’ayant pas encore atteint dans ces rues le niveau de la Seine, comme il n’est pas possible d’aveugler les voies d’eau ainsi ouvertes, l’inondation va gagner presque toutes les rues basses situées derrière la gare d’Orsay. Dans l’après-midi, M. Berger, député du Loir-et-Cher, qui habite 57, me de Lille, ne pouvait pas rentrer chez lui. Il s’élevait vi vement contre les ordres donnés d'établir des barrages qui, affirmait-il, feraient courir...