Extrait du journal

(Thomas l’Agxklkt.) Ces deux petites phrases du héros de Claude Farrère expliquent toutes les folies, comme toutes les sagesses, car il peut y avoir quelquefois de la sagesse dans la folie. Elles sont aussi le meilleur commentaire de la Vagabonde et de VL'nhaoe. Le premier de ces romans établit, en effet, que Renée Néré ne devint pas la maîtresse, ni même la femme de Maxime; le deuxième relate que cette même Renée, après une honorable défense, céda — assez volontiers - aux sollicitations d'un certain Jean. Si toute autre romancière que M™« Colette Willy eût consacré six cents pages à cette double aventure, la lâche eût pu être rude pour l'auteur et pour le lecteur. Mais c'est Colette qui conte, et ses pages se laissent lire avec un enchantement sans cesse renouvelé par la justesse de l'observation et les trouvailles du style. Renée Néré égale Claudine et, par certaines nuances, lui est supérieure. Elle en reproduit les côtés rétroactives et farouches et garde, sous ses libres allures d'instinctives pudeurs d'âme, et même de corps. Instruite des embûches de la vie et du leurre de l’amour, elle voudrait se défendre contre la dévastatrice illusion; elle voudrait aussi la savourer jusqu’au bout. D’autres échos, encore, nous parviennent à travers elle... Il doit exister réellement, ce très ancien bibelot chinois quelle elle aime à caresser d’une main, tandis qu’elle écrit; ce fruit de jade, poli et arrondi par l’usure et dont la luisante douceur plaît à ses doigts délicats. J’imagine volontiers qu il a roulé dans la malle aux costumes chatoyants et qu’aujourd’hui encore, du logis parisien au castel périgourdin, il suit Colette comme un fétiche.....