Extrait du journal

CHAPITRE XXXII. (Suite). Tom attendit longtemps encore avant de pou voir obtenir une place aux moulins, et lorsqu'enfin il en eut une, ému de pitié pour la lassitude extrême de deux femmes qui s'efforçaient d'y moudre leur blé, il le fit pour elles, rassembla les 'tisons à demi-éteints sur lesquels -bien d'autres avant lui avaient fait cuire leur pain, et seule ment après, .songea à son propre souper. C'était quefcque chose de tout nouveau dans ce lieu qu'un acte de charité, quelque humble qu'il fût. Il toucha une fibre sympathique dans ces cœurs endurcis,, une expression de bonté féminine se peignit sur leurs traits. Elles pétrirent son pain, en surveillèrent la cuisson, et Tom, à la lueur du feu, ouvrit sa Bible, car il avait besoin de con solation. — Qu'est-ce que cela ? dit l'une des femmes. . — Une Bible, répondit Tom. — Bon Dieu ! je n'en ai point vu depuis que j'étais dans lé Kentucky. — Avez-vous été élevée dans le Kentucky ? dit Tom avec intérêt. . — Oui, et bien éle vée, je vous assure, je ne me...