Extrait du journal

On doit des égards à ses adversaires, mais on ne doit que la vérité à ses amis. Nous dirons donc la vérité aux membres du cabinet comme nous la leur avons dite à plusieurs reprises déjà avec la fermeté nette et la franchise indépendante qui sont notre force, : "Nous avons, il y a quelques semaines, montré dans toute sa triste réalité là situation du: commerce et de l'industrie à Paris et dans plusieurs grandes villes de France. De ce mal, nous avons indi qué les causes dont la principale est certainement l'alliance, si menaçante pour l'avenir, d'une fraction naïve du centre gauche avec les. radicaux les plus extrêmes. Il est certain, en effet, qu'il n'est pas besoin d'être prophète pour prévoir le jour prochain où M. de Rémusat sera contraint de rendre à M. Duportal ses politesses. On a vu celui-ci lui donnant la main et le présentant à la foule radicale. Une présentation en vaut une autre, et l'on peut s'attendre à voir M. de Rémusat prenant par la main - l'ex dictateur de Toulouse et le recommandant à ses amis les prétendus libéraux. Que cette alliance annoncée et prévue, que cette cohabitation inévitable et de plus en plus étroite chaque jour, jette la confusion et le trouble dans les esprits, qu'elle épouvante les grands commer çants et éloigne les capitaux, c'est incontestable. Que tous ceux qui ont besoin du temps comme allié pour se lancer dans les vastes entreprises, entre voient avec effroi le moment où les Calmon et les Barthélémy Saint-Hilaire ayant tout à tait acclimaté les radicaux dans le pays seront contraints de leur faire place, et de se retirer d'une scène où ils auront joué le rôle de précurseurs, dans le prologue, c'est fort naturel. Mais, sachons le reconnaître et.ayons la force de le dire, là n'est pas la seule cause du mal. On est sans doute fort anxieux pour le surlendemain, mais on n'est pas rassuré pour le lendemain et l'on voudrait l'être. Il faut que M. le duc de Broglie le sa che bien. On l'accuse, injustement sans nul doute, mais enfin on l'accuse d'être le prisonnier des légitimistes et, clans...