Extrait du journal

Les quartiers évoluent, et leur transformation nous frappe encore davantage quand on constate la décoration nouvelle qui préside à la construction des magasins. Sans doute, aucune exposition n'eut sur une ville autant d'influence que l'Exposition des Arts Décoratifs de 11925 dont on se moqua tant et qui souleva chez bien des gens des protestations ridicules. On trouvait cela trop moderne. Et aujourd'hui, on en veut au commerçant qui n'a pas su donner à sa devanture'une ligne nouvelle, sobre et puissante ; votre oeil s'est accoutumé aux marbres gris et sombres, massifs; aux dessins géométriques mais harmonieux. Vous vous réjouissez par avance de voir une palissade s'élever devant une vitrine et vous supputez déjà quel sera l'aspect de la devanture transformée. Voyez les grands boulevards et songez s'ils ressemblent à ceux que vous arpentiez, il y a quinze ans. Une devanture comme celle des TroisQuartiers, si sobre et si élégante ; celle de Cecil, un peu massive mais combien moderne, presque d'avantgarde, n'auraient-elles pas fait hurler en 1912 ou 1913 ? Hasardezvous à compulser un dictionnaire et voyez des reproductions d'immeubles construits en 1900 et vous sourirez presque autant qu'à l'entrée des dix jeunes filles, habillées à la mode de 1890, faisant leur apparition sur la scène du Théâtre Français, au premier acte de Moloch....