Extrait du journal

à leur destination que quatre mois après, et, ce qui est plus grave encore, l’écrit publié le 12 mars comme émané de Sa Sainteté, a été rédigé presqu’en totalité dans un esprit con traire aux intentions signifiées en son nom. Ainsi on a voulu entraver la correspondance entre le pasteur et le troupeau, on a voulu tromper la religion du peuple par la publication d’une pièce falsifiée à dessein. Ceci ne donne-t-il pas la mesure de 1 esprit qui a dirigé le ministre prussien dans ses relations avec l’archevêque de Cologne? et s’il restait encore quelques doutes sur la conduite du prélat vis à vis de son gouvernement, ces doutes ne seraient-ils pas complètement dissipés? On a vu que le Saint-Père s'abstient encore de rien décider •ur le fait de l’administration du diocèse ; mais en régularisant cette administration, dans l’intérêt de la religion, il déclare que le doyen élu n’administrera le Chapitre que provisoirement, et en qualité de vicaire-général de l’archevêque absent. Cette déclaration réserve tous les droits de l’archevêque, et permet d’attendre un meilleur avenir, espérance fondée là où le mal vient de quelques hommes, et non d’un principe plus fort qu’eux. La lettre du souverain pontife est surtout remarquable en ce que, condamnant formellement la doctrine d’Hermès, elle consacre les règles du bref de Pie VHI, relatif aux mariages mixtes, et elle déclare que la cause de l’archevêque de Colo gne est celle du siège de l’épiscopat, et de toute l’église catho lique. Désormais les fidèles sont avertis ; l’erreur n’est plus possible. La règle de conduite des catholiques prussiens est claire et précise, deux saints papes ont pris le soin de la leur tracer. Au moment même où paraît cette lettre de Grégoire XVI, voici qu’à l’autre extrémité du royaume de Prusse, un autre évêque est menacé d’une poursuite criminelle, pour avoir, di sent les ministres prussiens, écrit au roi dans des termes inconvenans. L’archevêque de Posen, comme son frère de Colo gne, a refusé de se soumettre à l’autorité temporelle en ma tière de foi, et il était difficile qu’une explication, si mesurée qu’elle fût de ce refus d’obéissance, ne parût pas inconvenan te dans ses termes ; en pareil cas, le fond emporte toujours la forme. En vérité, nous ne comprenons rien à la conduite du cabi net prussien ; on ne peut nier sa prudence, son habileté dans tout ce qui concerne le gouvernement de son pays et la direc tion de ses intérêts. Dès qu’il s’agit de religion, c’est à dire du premier de tous les intérêts pour les rois comme pour les peu ples, cette prudence lui manque, cette habileté l'abandonne. C’est le besoin de propagande qui le domine; eh! bon Dieu, quelle est son erreur ! Les catholiques dévoués à leur foi s’y attacheront davantage encore par la persécution même, et ceux qui seraient assez faibles pour l’abandonner, ne tarde raient pas à tomber dans l'indifférence absolue, antipathique à toute espèce de culte. Cependant, comme les nations ne peuvent subsister sans re ligion, les rois sont les premiers intéressés à ce qu’elles en aient une, et qu’elles s’y montrent attachées. Le roi de Prusse doit donc respecter les croyances et les obligations de cons cience de ses sujets catholiques, et se garder de créer une dé plorable confusion entre les choses civiles et les choses reli gieuses ; car de cette confusion naîtrait un affreux désordre, funeste à l’autorité même qu’il veut étendre. « Les évêques sont les sujets des rois, a dit Massillon ; leur » naissance les soumet à l’autorité du trône ; mais sur les rè-...