Extrait du journal

On s’applique à maintenir par des artifices économiques le prix des produits agricoles nationaux et, tant que n’existera pas une entente économique européenne exmêmement étroite et bien réglée, on aura parfaitement raison. Car, faute d’une rémunération convenable de leur effort, il est trop évident que les ruraux, déjà sollicités par le bien-être des villes, ne résisteront plus à l’attrait, s’ils ne trouvent pas à la campagne la compensation d’un bénéfice correspondant à leur labeur et aux angoisses d’un rendement toujours aléatoire. Mais est-on bien sûr que la hausse des prix, dont le consommateur gémit à son tour, soit le seul moyen de donner satisfaction à un désir fort légitime et d’assurer le citadin contre les risques d’une grève spontanée des ensemencements ? Ne serait-il pas aussi expédient de travailler un peu à abaissement des prix de revient et de rendre plus accessibles au cultivateur les matières premières qui lui sont indispensable, à commencer par les engrais, dont on lui prêche l'emploi avec tant de zèle et pour lesquels il est tributaire de grands trusts qui l’exploitent froidement au moment même où ils célèbrent sur tous les tons son éminente dignité et lui prodiguent les meilleurs encouragements ?...