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La République de 1848, 24 octobre 1851

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La République de 1848
24 octobre 1851


Extrait du journal

La nouvelle de la déclaration d’état de siège des départe ments du Cher et de la Nièvre a surpris la population de Bourges , mais elle ne l’a pas mécontentée. Nous * parlons, bien entendu , de la population laborieuse et sensée, et non des brouillons dont cette mesure peut déranger les calculs. Elle l’a surprise , parce que ne pouvant juger les événements que par le dessus et non par le dessous , qu’elle ne voit pas, elle croyait que du moment où il n’y avait plus de lutte ouverte, il n’y avait plus lieu de recourir à l’étal de siège. Mais cette mesure ne l’a pas mécontentée, parce qu’elle y a vu une garantie pour l’avenir, une preuve de la sollicitude de l’autorité et de sa résolution de ne rien négliger pour empêcher la reproduction de troubles semblables à ceux que nons venons de traverser. Quant à nous, qui avons un peu contribué à faire croire à nos lecteurs que l’état de siège ne serait pas déclaré (1), nous n’avons jamais cru qu’il ne dût pas l’être. Et il ne l’aurait pas été, sans doute, si les troubles du Cher avaient présenté, dans la suite de l’instruction dont ils étaient devenus l’objet, le caractère d’une émo tion spontanée pour ainsi dire et toute locale; mais il est évident, d’après tous les faits qui sont devenus publics, qu’il n’en a pas été ainsi, cl le rapport de M. le ministre de l'intérieur en fait foi. Dès lors l’état de siège devenait une nécessité imposée par la situation des choses, et nous n’hésitons pas à déclarer que nous] l’approuvons hautement. . * ! Nous avons dit plusieurs fois déjà , nous répéterons encore aujourd’hui que le calme est rétabli, que l’ordre règne de nouveau dans les localités qui viennent d’être si profondément troublées. Mais il ne faut pas qu’on se méprenne ici sur la portée de ces mots. Pour les ex pliquer, nous pourrions dire, comme Tacite : « La guerre est plus tôt terminée que la paix n’est réelle ment rétablie. » L’insnrrection vient d’être comprimée sur les points où elle a éclaté; mais les causes qui l’ont provoquée du dehors pourraient la faire éclater sur d’autres points. Il faut prévenir de nouveaux malheurs; il faut empêcher la propagation d’un incendie dont les premiers foyers fument encore. C’est dans le but d’atteindre plus promptement et plus sûrement ce résultat que l’état de siège a été dé claré. Voilà pourquoi nous l’approuvons. Que, du reste, les honnêtes gens n’en conçoivent au cune inquiétude. Il n’apportera aucun trouble dans leur existence et dans leurs relations. Il n’y a que les affiliés des sociétés secrètes, les artisans patentés du désordre qui puissent y trouver quelques motifs de crainte. Il n’y a aucun mal à cela. • H. Thibaud. On lit dans la Patrie : Les départements de la Nièvre et du Cher sont déclarés en état de siège, par un décret dont nous empruntons la teneur entière ! an Moniteur de ce matin. Nous publions également le rapport du ministre de l’intérieur, à la suite duquel le Président de la Répu| blique a ordonné l’exéculion d’une mesure que tous les hommes i d’ordre avaient prévue, et que l’Assemblée, nous n’en saurions douter, confirmera avec empressement. Il ne faut pas que le gouvernement se lasse. La démagogie est incorrigible ; que la force publique soit inexorable. C’est la con séquence de l’étal révolutionnaire où nous vivons, mais c’est bien plus encore le cri impérieux de quiconque a une famille à nourrir, un foyer à défendre, une croyance à conserver : qu’avec l’anarchie et le socialisme la discussion est désormais une arme stérile et le mépris une ressource inefficace ; que l’autorité a pour devoir uni que et suprême, non plus d’attendre que le communiste se mani feste par des actes, mais de l’effrayer quand il espère, et de l’é craser quand il se montre. Tant pis pour les démocrates, si l’état de siège, tout insuffisant qu’il est encore, tend à devenir l’état normal d’une grande partie de notre malheureux pays. Et d ailleurs, sont-ils bien venus à accuser un gouvernement, qui n en fait qu un moyen de répression et de salut social, ceux qui en ont fait en 1848 un principe constitutionnel, et qui l’ont ac compagné, on se le rappelle, d’accessoires dictatoriaux dont le 1 souvenir devrait, au moins, les rappeler à la pudeur ? P. MAYER. (1) Voir notre numéro du 17 de ce mois, page 3e, colonne lr#, ligne 55e....

À propos

Initialement intitulé La République de 1848, le journal se rebaptise le Courrier de Bourges quatre années plus tard, en 1852. En 1872, le journal devient le Courrier du Berry puis, de 1883 jusqu’à sa disparution en 1902, Le Messager du Cher.

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