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La République française, 14 novembre 1872

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La République française
14 novembre 1872


Extrait du journal

présenter comme précaire et menacé, mais qui donc le conteste ? Qui surtout s’apprêterait à le prendre, à l’heure mê me où il est appelé à produire ses meil leurs, ses plus bienfaisants effets ? Pour quoi donc, dès lors, ne pas continuer à l’exercer sans trouble et sans inquiétude, puisque de son exercice même dépendent la restauration morale et matérielle de la France et la reconnaissance certaine de la patrie? M. le président est aujourd’hui le premier magistrat de la République. Il est l’homme de tous, parce que l’on croit que, planant au-dessus des partis et de leurs intrigues, il consacre son temps et ses forces au service de tous; il est le chef incontesté de la nation, parce que l’on pense qu’il appartient tout en tier à la nation. Et c’est ce pouvoir uni que, ce pouvoir au-dessus de toute at teinte, aussi longtemps que M. Thiers remplira ses devoirs envers le pays, que tout-à-coup l’on viendrait remettre en question, soumettre à de nouvelles dis cussions parlementaires, pour l’unique plaisir de favoriser les visées ambitieuses de gens qui ne peuvent se résigner à la volonté manifestée par la France,de fon der vraiment la République ! En vérité, c’est insensé, nous ne craignons pas de le dire. Nous supplions M. Thiers d’y réfléchir. Les propositions constituantes qui semblent faites pour consolider sa situation, qui n’est d’ailleurs nullement ébranlée, sont aussi fatales à son autorité qu’elles pourraient l’être à la République. Au lieu de l’unanimité qui l’a porté au rang suprême, si on al lait aux voix, il pourrait bien n’avoir qu’une simple majorité. Et encore, en y regardant de près, dans l’état de division des esprits, pris entre la Droite et la Gauche, également résolues à ne point se départir de la ligne de conduite qu’elles se sont tracée, qui oserait répondre que celte majorité sera assez forte pour ne point paraître à M. Thiers lui-même comme une diminution de son prestige et de son autorité ? M. Thiers est passé maî tre dans l’art d’observer les Assemblées, d’étudier les courants d’opinion qui s’y produisent et qui entraînent leurs réso lutions. Le moment est venu pour lui de recourir à l’expérience qu’il a certaine ment acquise dans le cours de sa longue vie parlementaire : qu’il regarde et qu’il décide. Sommes-nous dans une de ces situations qui commandent non-seule ment des projets de Constitution, mais les votes pour ainsi dire unanimes qu’il faut touj ours quand on veut les faire abou tir? Nous ne croyons pas qu’il puisse s’y tromper. Un annonce que son message sera plus que réservé sur toutes ces questions. Cette réserve ne nous sur prend point. M. Thiers ne voudra pas se compromettre dans une intrigue en train d’avorter. Il faut en finir. De telles crises ne sont pas bonnes, dans un pays qui a besoin de toutes ses forces, pour revenir com plètement à la vie des grandes nations politiques : il importe qu’elles ne se re nouvellent pas. Qu’il soit donc bien en tendu pour tout le monde que l’on va se mettre aux affaires, c’est-à-dire que Ton va, comme on l’a fait jusqu’à ce jour, aider le gouvernement avec patriotisme et loyauté dans la tâche qu’il a entreprise de délivrer la France de l’étranger, afin de la rendre à elle-même en toute li berté, en toute sécurité, et de lui per mettre de choisir, au jour prochain des élections générales, ceux à qui elle confiera la mission de constituer et d’or ganiser la République....

À propos

Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.

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