Extrait du journal
Le message de M. le président de la République était attendu par la France entière avec un sentiment d’extrême anxiété. Nous croyons que ce document, qui a été lu hier devant l’Assemblée de Versailles par M. Thiers en personne, est appelé à produire sur la France républi caine une impression plus grande encore que sur l’Assemblée, où pourtant il a été accueilli, soit à droite, soit à gauche, par des démonstrations qui ne laissent au cun doute sur l’importance que l’on doit y attacher. La journée d’hier est décisive dans l’histoire intérieure de la France. Au moment où Sieyès, organe de la Révolu tion, jugea qu’il fallait rompre définiti vement avec l’ancien régime, il prononça cette parole célèbre : Coupons le câble ! et l’on peut dire que c’est de cette parole que date la France moderne. M. Thiers vient à son tour de couper le câble. Il a rompu hier avec la monarchie, quelle qu’elle soit. Il a proclamé la République comme le seul gouvernement qui puisse désormais convenir à notre pays ; il on a vanté les bienfaits, exalté les services, glorifié les avantages. Jamais M. Thiers ne s’était inspiré, comme dans cette cir constance mémorable, du véritable es prit de la France de nos jours. D’un seul coup, il s’est élevé à la hauteur de ses aspirations et de la conception qu’elle s’est faite depuis quatre-vingts ans à tra vers tant d’alternatives diverses et de changements de fortune, du gouverne ment des sociétés démocratiques. Heu reux les hommes qui, à de certains jours de leur vie, peuvent être ainsi les inter prètes de tout un peuple I C’est là la vraie gloire, et cette gloire, M. 1 hiers, qui depuis si longtemps songeait à l’ac quérir, a fait hier un acte qui, s’il est suivi d’autres que le pays attend, nous semble de nature à la lui assurer. Nous n’entrerons pas dans l’examen détaillé du message de M. le président de la République. Nous aurons à faire cette analyse, qui nous apprendra tout ce que nous devons savoir de l’état présent des affaires du pays. D’ailleurs, avons-nous besoin de l’ajouter ? nous sommes loin d’être d’accord avec M. Thiers sur une foule de points de fait, et encore moins sur certaines théories, certaines doctri...
À propos
Face à une gauche qui ne parvient pas à contenir ses partisans, Léon Gambetta entend rassembler une majorité de républicains autour d’un nouveau quotidien, organe de l’Union Républicaine : La République française. Grand journal à 15 centimes, il consacre une part importante de son contenu aux nouvelles de province et joue un rôle considérable dans la victoire des républicains contre les conservateurs. La mort de Gambetta provoque de facto un infléchissement de la publication qui s’éteint lentement jusqu’en 1931.
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