Extrait du journal

Un jeune avocat du barreau de Paris, M André Jacobson soumet en ce mo mentané requête au préfet de la Seine et au Conseil municipal de Paris. U réclame, pour les pauvres gens qui n’ont pas /es moyens de consulter les ivocats, /'assistance juridique gratuite, _ ne pas confondre avec l’assistance judiciaire, — c’est-à-dire la possibilité, avant d’engager une action judiciaire quelconque ou avant de la laisser enga ger contre eux-mêmes, d’obtenir des ren seignements précis, tels qu’ils en obtien draient s’ils pouvaient aller consulter un avocat ou un avoué, sur la limite de leur droit, sur la bonté de leur cause, sur les chances qu’ils ont de gagner leur procès. Théoriquement, en effet, tout Français est censé connaître la loi ; mais ce n’est là qu’une théorie. Dans la réalité, il est bien peu de gens qui soient capables de se débrouiller tout seuls à travers ce qu’un spirituel avocat général appelait naguère le maquis de la procédure. Les juristes eux-mêmes ne s’y reconnaissent pas toujours, et la preuve, c’est qu’il a Fallu, à côté du code, à côté de la loi formelle, inventer la jurisprudence qui est l’art d’appliquer la loi à telle ou telle espèce. Encore même, la jurisprudence n'est-elle pas constante, tant varient les roueries des plaideurs, et faut-il à cha que instant avoir recours aux lumières de la Cour de cassation pour fixer tel ou tel point obscur, pour dégager de la lettre des textes l’esprit qui guida le législateur dans la confection des articles de loi. Rien d’dtonnant, par conséquent, que la majorité des citoyens français et sur tout la majorité des citoyens peu fortunés, partant peu instruits, aient besoin d’être guidés, itès leurs premiers pas dans la car rière judiciaire, par des hommes avertis, soit qu’ils aient à revendiquer leur droit, soit qu’ils aient à se défendre contre des adversaires mieux au courant des choses de la justice. 11 y a bien, pour les petits procès, la conciliation chez le juge de paix qui sim plifie nombre d’actions de minime im portance. Mais la compétence des juges de paix est extrêmement limitée et il est bon qu’il en soit ainsi, sans quoi ces magistrats seraient débordés par le nom bre des plaideurs. M. Jacobson souhaiterait donc qu’il fût créé, dans chaque mairie, un bureau de consultations gratuites, où les plaideurs trouveraient, auprès d’avocats bénévoles, les conseils qui, jusqu’à présent,leur ont fait défaut....