Extrait du journal

Les Mots. Le problème colonial est immense. Tel qu'il se présente aujourd’hui, il englobe l’élude de toutes les questions sociales, la politique et l’économie politique, les finances, les applications des sciences, l’art du Gouvernement tout entier, mais avec cette complication singulière que gouvernants et gouvernés n’appartiennent pas à la même race ni à la même formation sociale. Au lieu d’être fils des mêmes mères et citoyens du même drapeau, les uns sont des conquérants étrangers, les autres des sujets, qui ne subissent d’abord, pendant longtemps, et généralement toujours à moins de beaucoup d’habileté, que par la contrainte l’action du dominateur. Il ne s’agit plus d’administrer des hommes qui pensent comme nous, ni de tirer le meilleur parti possible de territoires adaptés depuis longtemps et peu à peu à des nécessités qui sont les nôtres; mais de diriger des populations vivant dans un monde d’idées qui nous reste fermé, et d’approprier le plus rapidement possible, à des besoins que nous ne percevons qu’imparfaitement et à la longue, des sols restés presque tels qu’ils ont été façonnés par la nature, et qui fournissent des matières que nous avons pu déjà apprendre à utiliser pour notre commerce et pour notre industrie, mais dont la production agricole nous est encore plus ou moins étrangère....