Extrait du journal

L’Assemblée nationale jouit en paix du repos qu’elle a si bien gagné ; elle oublie à l'ombre des grands bois et le budget en déficit et tant de projets de lois urgents indéfiniment ajournés. Après sept mois de discussions laborieuses et stériles, elle a tout d'un coup plié bagage et s’est dispersée aux quatre coins de la France, lasse d’elle-même, lasse de cette agitation impuissante à laquelle la condamnent ses divisions. Elle devait réorganiser l'armée, réorganiser renseignement supérieur; elle devait surtout (c’était là la partie de sa tâche dont elle était le plus jalouse), elle devait donner à la France un gouvernement définitif, et faire enfin usage de ce pouvoir constituant auquel elle attache tant de prix. La voilà cependant partie sans avoir rien fait, pas même la loi sur la presse, pas même la loi électorale, laissant derrière elle un gouvernement sans caractère et presque sans nom, ni monarchique, ni républicain, un gouvernement d'intérim et de remplissage, un gouvernement selon le cœur de M. le duc de Broglie peut-être, puisqu’il n'a ni institutions ni principes, mais incapable d'imposer longtemps le respect à ses ennemis et la fidélité ii ses agents, justement parce qu'il n'a ni institutions, ni principes, ni lendemain. M. Clapier, M. de Broglie et les Politiques de leur école ont beau se déclarer satisfaits, ils ont fichu prodiguer à M. le Président de la République les plus plates flatteries, et assurer, avec le Figaro, que le maréchal d'Mac-Mahon peut nous tenir lieu, à lui seul, de constitué*10n> de lois, peut-être de budget, enfin de tout ce qui nous manque : la France ne partage pas cette quiétude ; elle se mit a la merci du premier accident; elle se sent menacée par cs ambitions et des prétentions implacables, et médiocreni|U protégée contre les ennemis de sa liberté par un fourondement qui, après avoir affirmé si superbement sa force, 11 a même pas su garder l’ex-maréchal Bazaine....