Extrait du journal

JEAN REYNAUD Soixante ans de souvenirs (1) Il y a des écrivains qui sont tout entiers dans leurs écrits. Chez d’autres, l’homme moral et la personne complètent l’artiste. Tel fut J. Reynaud. Le lire, c’était sans doute le connaître; mais, pour le comprendre, il fallait le voir. Ce regard incomparable, ce mélange singulier d’austérité quelque peu hautaine et de cordialité pleine de bonhomie; cette bouche où le rire s’épanouissait si largement et -qui tout à coup, à l’aspect d’un vice ou d’une bassesse, devenait si frémissante, on peut dire si terrible d’indignation et de mépris; cette belle taille d’allure si fière, cette parole dont l’éloquence allait toujours grandissant à mesure qu’il parlait..., lui enfin ! Ce lui, qui occupait une telle place et qui a laissé un tel vide dans tant de cœurs, voilà ce que je voudrais tâcher de reproduire....