Extrait du journal

Gouverner, c’est diriger l’opinion et les desseins d’une nation sur le terrain de l’action politique. L’homme de lettres a, lui aussi, affaire à l’opinion et, par conséquent, à des desseins particuliers. Nous sommes enclins à lui dénier toute parenté avec l’homme d’État, parce qu’il semble à l’écart du champ de Faction concertée Nous avons établi dans nos esprits une sorte d’antithèse entre ce qui est littéraire et ce qui est pratique, et en sommes arrivés à penser qu’il ne saurait y avoir dans la littérature aucune direction pour l’homme d’affaires. Il n’en est rien. S’il est vrai que lesleltres dirigent la pensée et conduisent l’imagination, il faut avouer qu’elles font partie intime de ce qui concerne l’homme d’État. Les hommes ont toujours été secrètement formés et singulièrement dominés par leurs lectures, et ceux à qui ils doivent leurs livres sont plus véritablement leurs maîtres que ne le sont leurs hommes d’État. Il convient d’y regarder de plus près pour discuter certaines des antithèses dont nous avons parlé et pour voir la vie telle qu’elle est....