Extrait du journal

Mais un insurmontable obstacle s’opposait à l’union des jeunes gens, qui, disaiton tout haut en Avignon, étaient loin d’être indifférents l’un à l’autre. Hermine, richissime fille unique du comte de Gigondas, élevée dans le luxe à l’abbaye de SainteCatherine, fondée, en 1254, par l’évêque d’Avignon, Zoen (1251-61), possédait une fortune princière, ayant hérité de sa mère, née de Sérignan, et pouvait compter sur les plus belles espérances. Raoul, au contraire, officier de fortune (c’est-à-dire n'en ayant i aucune), avait brillamment servi sous les ordres du brave Grillon, en compagnie duquel, après plusieurs campagnes, il venait de rétablir l’ordre dans la Provence révoltée, et de regagner à la cause royale La Seyne, la Bréole et Tarascon. Il se trouvait, en ce moment, avec son glorieux général, en Avignon, où tous deux goûtaient un repos bien gagné, et tout le monde savait qu’il se mourait d'amour pour la ente Hermine, qui le payait de retour. Mais le vieux comte de Gigondas se montrait intraitable ; il ne voulait qu’un époux riche et fortuné pour sa fille, de la main de laquelle il entendait disposer, ainsi que le permettaient, d’ailleurs, les usages du temps. Bien qu’il respectât le nom, les quartiers de noblesse et les services militaires du jeune marquis de Villedieu, il ne se souciait nullement de lui donner sa fille....