Extrait du journal

Au Jour le Jour SI J'ÉTAIS PAUVRE... Après le rêve de richesse, faisons celui de la pauvreté. Il n'est pas difficile à réa liser, me direz-vous, et nombreux sont les Français de 1919 qui peuvent l'appeler un mauvais rêve qui dure trop longtemps 1 Cerjes» et c'est justement en pensant à ces nouveaux pauvres que j'écris,ces lignes ; car je, crois qu'il faut apprendre à être pauvre comme on apprend k être riche, si l'on ne veut pas trop souffrir morale ment et physiquement. La première condition de la joie ttans la pauvreté, c'est la Foi, unj foi profonde, une. foi illimitée, qui va chercher son ap pui au pied de la Croix pour supporter .le poids de toutes les croix terrestres, en mê me -temps qu'elle va chercher son espé rance dans une autre vie; si brillante et si pure, qu'elle efface d'avance les douleurs du présent ; cette foi mêlée à la vie, cette foi agissante et reposante est une vertu bien*rare,-il faut le reconnaître. Bien' des «atholiques — môme très pratiquants — l'ignorent et meitent en quelque sorte leur religion en marge de leur vie. Ils sont in quiets, agités, nerveux, aussi préoccupés de leurs intérêts matériels, aussi facile ment désespérés que les incroyants- Si, par bonheur, on possède la foi absolue, quelle douceur alors d'être pauvre, de se sentir plus près du Dieu des Evangiles, semblable à lui, par ce côté du moins, et déjà détaché des mille petits liens terres tres qui nous empêchent si souvent de dé couvrir l'univers spirituelUne seconde condition nécessaire pour ne ^pas trop souffrir de la pauvreté, c'est de n'avoir aucune vanité. Certes, il est pénible, même douloureux pour ceux ou celles que la guerre a ruinés, oui ont eu l'habitude d'être servis pendant de longues années, par exemple, de £e trouver tout à coup privés d'auxiliaires, réduits à faire par eux-mêmes les plus rudes besognes. Une femme qui fut élégante doit trouver cruel d'aller au marché pour la première fois avec un panier au bras ; eîle se sent...