Extrait du journal

EUX qui ont passé des mois et des années en capti vité savent quelle a été, alors, la vertu des songes, de ces rêves éveillés qui vous faisaient oublier les barbelés, les miradors, les corvées et les bruits de bottes. Plus heureux que certains camarades, j’ai pu écrire mes rêves et me transporter dans un petit village où l’Anjou côtoie le Maine, tandis que de douces ombres se meuvent sur un calme rythme de vie provinciale. Ne vous effrayez pas, amis lecteurs, si les pre mières images de mon roman écrit à Eulenburg — le château des hiboux — vous font penser à quel ques demoiselles au chapeau vert. En réalité, elles existent encore ces vieilles dames puériles et ces vieilles demoiselles au cœur insatisfait. Mais le drame ne tardera pas à ap paraître, qui est le drame que nous avons vécu de 1936 à. 1940 et qui pèse encore sur la France de la Libé ration. Une intrigue romanesque mêlée a certains événements de la petite ou de la grande histoire, voilà ce que sera « Il n’y a qu’un seul amour ». De l’écrire m’a diverti. Je souhaite que de le lire vous divertisse pareil lement en cet été 1949, que de mau vais prophètes voudraient comparer au tragique été 1939....