Extrait du journal

Le dîner terminé, les invités sont allés sur le balcon donnant sur la place d’Armes. La foule, avoir réclamé le Raie tsara hraniet la Marseillaise, a fait une ovation splen dide aux officiers russes qui ont remercié en agitant leurs chapeaux et en s’inclinant. I.A SOIRÉE La soirée, on le pense bien,a été merveil leuse d’enthousiasme. Toulon semblait une torche immense dans la nuit. L’amiral Avellan a assisté A une scène d’un théâtre insmllé sur la place de la Liberté, tandis que la foule criait sans dis continuer : « Vive la Russie ! Vive le tsar ! » Sur la place d’Armes, au retour,nouvelles acclamations. L’amiral Avellan monte une fois encore au balcon de la préfecture maritime,accom pagné de ses officiers. La foule se tait sur un signe de l’amiral et tous les Russes crient d’une seule voix : « Vive la France t » A 11 heures 1/4 les officiers sont retournés A bord escortés par les cris de joie d’une foule en délire. Le succès de cette première journée — c’est tout dire — a été plus grand encore qu’on ne pouvait espérer. SAMEDI LES CURIEUX. — LES DÉLÉGATIONS Samedi à huit heures, toutes les barques de Toulon étaient louées par des curieux qui se rendaient à bord des bâtiments russes afin d’en faire la visite. Le public a librement accès dans toutes les parties du bAliment. La musique du bord, donne de temps A autre une aubade aux visiteurs. Un escalier spécial est réservé aux délé gations officielles. Parmi les premières délégations reçues, nous noterons celles du conseil municipal de Paris et du conseil général de la Seine. Elles étaient accompagnées par M. Edouard Lockroy. M. Alphonse Humbert les a présentées A l’amiral Avellan. Il lui a dit qu’il venait apporter le salut de la ville de Paris aux officiers de l’escadre russe et à la grande nation qu’ils représentent. Il lui a transmis l’invitation du conseil municipal et du con seil général et il a ajouté : « Vous serez reçus à Paris en alliés, en amis et en frères. » L’amiral a répondu qu’il était très touché de l’accueil qui lui avait été fait par la ville de Toulon : qu’il ne doutait pas qu’il retrou verait partout cet accueil et notamment A Paris. Il a ajouté : « J’en serai particulièrement heureux, puisque chaque pas que nous faisons en France est suivi parla Russie. » M. Deffès, préfet des Bouches-du-Rhône, a présenté les délégations du conseil muni cipal de Marseille. Le secrétaire général et la délégation des Alpes-Maritimes accompagnés par M. Raiberti, député sont venus inviter l’amiral à mouiller dans les eaux de Nice et du littoral. TÉLÉGRAMMES DE FÉLICITATIONS Pendant que la marine russe reçoit A Toulon l’accueil que l’on sait, de nombreux télégrammes sont envoyés de toutes les provinces de la Russie. LE UAL DE L’ARSENAL Après avoir assisté au diner offert A bord du « Formidable » par le commandant de l’escadre active, les officiers russes se sont rendus à l’arsenal où avait lieu le bal orga nisé en leur honneur par les officiers des armées de terre et de mer. La salle des gabarits, située au premier étage, avait été transformée en une mer veilleuse salle de danse. Elle était entière ment tendue d'étoffes aux couleurs natio nales russes, c’est-A dire rouges, bleues et blanches et d’oriflammes portant nu centre la croix de Saint André. Elle était éclairée par six lustres construits avec des armes autour desquelles s’enrou laient des fils électriques. Les invités avaient accès dans la salle de danse par un grand escalier extérieur. L’amiral Avellan a fait son entrée vers 10 heures et demie. Aussitôt la musique de la flotte, placée au centre, a exécuté l'hymne national russe. Des cris répétés de « Vive la Russie ! Vive le tsar ! » ont retenti pendant que comman dant de l’escadre faisait le tour de la salle Plus de 5.000 personnes se pressaient autour des officiers russes. Les officiers russes ont été l'objet des plus délicates attentions. Ils ont eu le plus grand succès auprès des dames et ils ont dansé avec beaucoup d’entrain. L’entrain était si grand que les danses ne se sont arrêtées qu’à six fieures du matin. L’amiral Avellan s’est retiré A minuit....