Extrait du journal
voir d’autrui, basée sur le respect que l’on exige pour les siennes propres. Méridionaux de par ailleurs, nous avons ici le besoin, souvent répréhen sible, d’extériorer nos impressions d’une façon fâcheuse et qui nous parait être l’ex pression de notre humour gasconne. On ne résiste point à un lazzi qui peut vous valoir les suffrages des rires, et l’on glisse facilement dans l’inconvenance et la grossièreté. Un fait tout récent. Quatre donzelles — et Dieu sait si la nature avait été pour elles peu prodigue de ses bienveillances I — traversaient dimanche, vers les cinq heures, le bouvard Carnot : elles croisent une dame anglaise, et ne voilà-t-il point que ces laiderons se permettent des jovialités du dernier mauvais goût sur le passage de cette étrangère, à qui nous devons tous ici, par le devoir le plus élémentaire d’hospitalité, une déférence et un respect d’ailleurs tout à fait commandés par nos propres intérêts. — Fait isolé, dira-t-on, et que vous avez tort, prétendront certains, de révéler. Mais le fait n’est point aussi isolé qu’on le peut supposer et je crois au contraire remplir un devoir en signalant un cer. tain esprit regrettable que le mépris en seigné de tout ce que l’on enseignait autrefois à respecter rend trop fréquent parmi les jeunes générations. Ici la faute était d’autant plus 'grave que l’inconvenance violait des lois que nul ici ne doit ignorer. Dans l’envahissement des Coustous et des promenades en pleine saison estivale par nos bons Bagnérais, souvent même en tenue débraillée qui offusque, il y a justement cette manifestation de dis courtoisie si douloureuse à constater, mais qui est une plaie à signaler pour que l’on essaye d’y porter remède. Chaque jour, à des heures détermi nées, l'heure de la rentrée ou de la sortie d’ateliers, on peut assister, en pleine ville à des ébats, entendre des cris, des propos qui sont une offense pour les oreilles et les yeux qui les doivent subir. La tenue décente sur la rue, n’est-elle point à surveiller, par des autorités qui ont le devoir de veiller à nos intérêts; et si je ne puis croire que des industries puissent éloigner les étrangers de Bagnères, je suis persuadé que des pro cédés trop franchement voyoucratiques tolérés par une police trop débonnaire et des autorités trop soucieuses des fluc tuations du corps électoral, sont pour notre avenir thermal un danger con sidérable. Nos instituteurs, les chefs d’ateliers, les autorités, les chefs de groupes ne pourraient-ils point enseigner que ce n’est point du tout une abdication du...
À propos
Fondé en 1836, L’Écho des vallées est un journal régional publié à Bagnères-de-Bigorre. Il devient La Sentinelle du peuple pour quelques mois en 1848, avant de retrouver son nom initial. Rebaptisé L’Avenir des Hautes-Pyrénées en 1883, le journal traverse la première moitié du XXe siècle avant d’être interdit à la Libération en 1944.
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