Extrait du journal

La crise économique qui sévit dans tout le Midi au sujet de la mévente des vins est une des conséquences du régime que nous subissons. Quelques sceptiques, enchantés du fromage dans lequel ils se sont établis, pourront rire de cette affirmation ; elle n’en est pas moins exacte. Les souffran ces matérielles, la gêne, la ruine, la faim, réveilleront seulement de l’apathie politique où elles se sont endormies, les populations menées à la ruine par quel ques hommes qui les bernent en faisant leur fortune à leurs dépens. Au point de vue de la valeur morale et intellectuelle de notre malheureuse patrie, il est triste de songer qu’elle subit sans se révolter la désorganisation de ses forces vives et qu’elle semble seu lement secouée par la matérialité de la souffrance. Mais la Providence mène comme elle veut les grandes crises sociales et ses desseins apparaissent plus tard à la grande lumière de l'histoire. Le Midi se soulève : il a faim; il souffre; l’écho de ses cris se répercute un peu partout dans les régions viticoles. On montre le poing aux fraudeurs et on crie contre le gouvernement. En vérité, ce soulèvement n’a aucune arrière-pensée politique, et sûrement tous ces viticulteurs ou un grand nom bre qui inscrivent sur leurs bannières de revendication : « Du pain pour nos en? fants », et sont d’une sj^çèrjté légitime...