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Le Bien public, 15 août 1873

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Le Bien public
15 août 1873


Extrait du journal

— Vous entendez, messieurs. — Le blasphème est flagrant, souffla le gros procureur du roi en hochant la tête avec déférence pour le président, qu’il trouvait d’une grande force dans l’art si délicat de donner des proportions majes tueuses ffUx affaires médiocres. Le président, flatté, se renversa dans son fauteuil, et frappant les extrémités de ses doigts l’une contre l’autre : — A quelle époque avez-vous quitté les armes pour reprendre la toge ? — Après le licenciement du premier ré giment des chasseurs de la Meurthe dont je faisais partie, c’est-à-dire le 10 avril1815. — Mais avant de vous séparer, n’aviezvous pas, entre soldats de Bonaparte, fait un serment, le serment d’Annibal, contre la société abritée par les lis ? — Je ne vous comprends pas, monsieur le président, dit Georges, souriant de cette phraséologie prétentieuse. — Vous me comprenez parfaitement,au contraire, mais vous ne voulez pas avouer que, ne pouvant plus vivre de rapines à l’étranger, Ie£ officiers de l’aventurier corse ont juré de se partager les dépouil les des bons Français et de bouleverser incessamment l’Etat. Un murmure de protestation s’éleva dans l’auditoire. Si docile qu’elle fût en apparence à l’ordre de choses nouveau, la Champagne était marquée pour long temps à la griffe impériale. Elle devait garder cette empreinte pendant plus de trente ans. Aussi les oreilles champenoi ses ne pouvaient-elles supporter une in sulte trop directe aux soldats de Napoléon. Quant aux accusés, avertis et mainte nus par leurs avocats, ils subissaient avec patience ce débordement en quelque sorte officiel de la calomnie. Le président promena un regard terri ble sur l’assistance : — Je ferai évacuer la salle, dit il, si un pareil bruit se renouvelle. Les amis et les complices que peuvent avoir les accu sés dans l’auditoire ne comprennent pas qu’ils aggravent la position de ces mal heureux par ces protestations. La con-,...

À propos

Lancé par Henri Vrignault au mois de mars 1871, quelques jours seulement avant la Commune de Paris, Le Bien public rejoint dès sa naissance les rangs des journaux protestant contre les élections organisées par le Comité central. Interdit un mois après son lancement, le journal réapparait à la chute de la Commune. Républicain et conservateur, Le Bien public devient alors le journal porte-parole d’Adolphe Thiers. Lorsqu’il tombe entre les mains d’Athanase Coquerel en 1874, il se teinte également d’une couleur fortement anticléricale.

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