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Le Charivari, 22 août 1851

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Le Charivari
22 août 1851


Extrait du journal

M. Léon Faucher vient de perdre encore une de ses illusions : — la grande campagne révisionniste entreprise dans tous les conseils d'arrondissement a abouti à faire constater que seulement cent trente d’entre eux sont favorables à la prorogation des pouvoirs du prince Bonaparte. Cent trente sur quatre cent vingt, —c’est à dire un peu plus du quart :—qui diable se serait douté que les conseils d’arrondissement renfermaient tant de démagogues ! Et des démagogues de la plus dangeuse espèce, car ils s'embusquent derrière la Constitution ;—c’est abrités de la sorte qu’ils s’apprêtent à faire feu sur la famille, sur la religion et sur la propriété. Le funeste résultat obtenu dans cette nouvelle campagne ne peut pas être attribué au peu de zèle des sous-préfets : — ces fonctionnaires n’ont pas épargné les frais d’éloquence et plusieurs d’entre eux, afin de produire plus d'impression sur leurs auditeurs,avaient appris par cœur les plus longs ar ticles parus dans le Constitutionnel en faveur de la révision,—ils étaient même arrivés à les réciter tout d’une traite et sans reprendre haleine. Peine inutile ! les démagogues dont fourmillent les conseils d’arrondissement se bouchaient les oreil les et les malheureux sous-préfels en étaient pour leurs frais d’étude et pour leur essoufflement. Du reste ces travaux ne seront peut-être pas com plètement perdus pour ces fonctionnaires ; — ceux de ces messieurs qui ont ainsi exercé leur mémoire pourront un jour, en cas de destitution, tirer un bon parti de cette précieuse faculté en se livrant au culte de la tragédie. — Plusieurs anciens sous-préfets ont déjà débuté à l’Odéon dans l’emploi des Agamemnon ou des confidens, et ils ont obtenu les succès les plus flatteurs. Il serait fâcheux, par exemple, que lors de leur apparition sur la scène le trouble inséparable d’un premier début fit commettre à ces artistes une mé prise déplorable : —je les engage à bien veiller sur eux afin de ne pas se mettre à débiter un article du docteur Véron ou de M. Granier de Gassagnac, au lieu du récit de Théramène. M. Léon Faucher ne se tient pas encore pour complètement battu, il espère prendre sa revanche avec l’aide des conseils généraux....

À propos

Fondé par Charles Philipon en 1832, Le Charivari fut le premier quotidien satirique illustré au monde. Régulièrement poursuivi pour sa critique de Louis-Philippe, le journal disparaît néanmoins bien plus tard, en 1937.

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