Extrait du journal

avantages do sa personne, comme on dit en style de notaire, passer à côté de lui sans le remarquer. Mais ils se trouvaient vis-à-vis l'un de l'autte dans une position toute particulière. Malgré la discrétion que l'on s'était ef forcé d'apporter dans les préliminaires de l'union projetée, il eût été difficile qu'il n'en transpirât point quelque chose; dans ce cas-là toutes les. femmes, et même-les plus naïves et les plus innocentes jeunes filles, sont d'une 'perspicacité sans égale. Rien ne leur échappe. Mlle d'Orglàndes avait donc su quelque chose, et deviné le reste. Sa modestie, très réelle et très .grande à coup sûr, n'allait point pourtant jusqu'à l'aveuglement. Elle savait ce qu'elle valait, et n'ignorait pas non plus les raisons... accessoire?, mais pourtant très réelles, qui faisaient d'elle un parti fort enviable. Recherchée par tant de gens à qui on l'avait refusée, elle avait bien le droit de s'étonner en se voyant évitée par le seul homme à qui on eût voulu la don ner. C'eût été trop exiger d'elle que de lui denaander.de ne pas chercher la cause d'un dédain auquel on ne l'avait point accoutumée. On avait évité une réponse directe qu'en effet on ne pouvait pas lui faire et l'on avait cherché des faux fuyants et des dé faites dont son esprit juste et droit ne s'é tait pas payé. Quelques mots imprudents échappés devant elle à un ami de son père «ur le mauvais goût et la folie de Roger l'avait mise suffisamment sur la voie— et elle était allée promptement jusqu'au bout. Il y avait longtemps qu'elle savait tout, excepté pourtant le nom de celle qui avait élevé urt tel obstacle»entre elle et lui. Elle éprouvait pour cette dangereuse in connue le sentiment de colère indignée qui remplit parfois le cœur des jeunes fil les quand elles voient les femmes mariées...