Extrait du journal
CHAPITRE V. L'ÉRUDITION DU CURÉ DE CAMPAGNE (2). Jeanne, étonnée, se retourna, et Guillaume, se trouvant dans la lu mière auprès d'elle, elle vit des larmes dans ses yeux. Au lieu-d'être émue ou effrayée, elle lui dit naïvement : —Est-ce que vous avez peur de l'orage, mon parrain ? Guillaume ne put s'empêcher de sourire, et, quittant la main de Jeanne , « Non, ma chère enfant, lui dit-il, je ne songe pas à l'orage, mais à toi. Ton chagrin me remplit le cœur, et je voudrais pouvoir pleurer avec toi... —Oh! il ne faut pas pleurer, mon parrain. Ça vous ferait du mal. C'est tout simple que je ne puisse pas m'en empêcher, moi ! c'était ma mère! Mais ça n'était que votre nourrice, et vous ne la connaissiez plus. Vous ne pouvez pas vous souvenir d'elle. —Je m'en suis souvenu aujourd'hui, Jeanne, et je ne m'en souvien drais pas, que j'aurais encore envie de pleurer à cause de toi. Est-ce que tu ne comprends pas cela? Jeanne garda le silence: elle ne comprenait pas. —Dis-moi, Jeanne, si je venais de perdre ma mère, que tu ne con nais pas, et dont tu ne peint plus te souvenir, est-ce que tu n'aurais pas pitié de moi? —Oh si I mon parrain I —Est-ce que tu ne chercherais pas à me dire quelque chose pour me censoler? —Oh s» bien ! mon parrain, répéta Jeanne avec conviction. —Eh bien ! dis-moi ce que tu me dirais, afin que maintenant j e te le dise. — HélasI mon parrain! j'aurai bien de la peine ; mais je ne saurais pas quoi vous dire. — C'est juste comme moi, pensa Guillaume... Mais, ajouta-t-il, estque l'amitié ne console pas un peu? Est-ce que tu ne sentirais pas... «ans un pareil moment... de l'amitié pour moi ! — Oh si fait bien ! mon parrain ! —Eh bien! ne conçois-tu pas que j'en aie pour toi dans ce moment-ci? — Vous êtes bien bon, mon parrain: vous en serez récompensé! —Vraiment, Jeanne ? s'écria Guillaume en lui reprenant la main; m'en sauras-tu quelque gré? Si tu y penses quelquefois, ce sera ma récom pense. — Hélas! mon parrain, je suis trop pauvre, répondit Jeanne avec (1) Toute reproduction, même partielle, de cet ouvrage, est interdite, et serait poursuivie comme contrefaçon. Voir nos numéros des 2o, 26, 27, 28 avril et 1" mai. (2) Ce chapitre est dédié au maitre d'école de Toull, qui est un peu embarrassé pour servir de eicerone aux touristes du centre....
À propos
Le Constitutionnel fut un quotidien politique sur quatre pages, fondé par Fouché et une quinzaine d’actionnaires, pour la plupart contributeurs du journal. D’abord bonapartiste, il s’agissait d’un organe puissant jusqu’à la naissance du Second Empire, rassemblant bonapartistes, libéraux et anticléricaux. Marqué par la personnalité d’Adolphe Thiers, le journal rendait compte des informations diplomatiques européennes, mais discutait également de l’actualité politique française.
En savoir plus Données de classification - villemain
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