Extrait du journal

conter t'indigne et te révolte au point de ne pouvoir plus m'entendre, écrase-moi sous tes pieds, là, ici même, à cette place;., ce sera bien fait, je ne pousserai .pas un cri... non, je te bénirai de mê^deux mains ! Le front de Louis Lambert se couvrit d'une pâleur livide. — Quoi, enfin! parle donc! dit-il avec effort et à voix basse. — Tu sais que les premières années de notre mariage furent stériles. Je désirais devenir mère; je demandais à Dieu, comme une faveur suprême, qu'il daignât bénir mes entrailles en me donnant un fils ou une fille. Mes prières furent exaucées. Tu as été témoin de l'ivresse de ma joie. J'ai failli devenir'folle, tant cette joie lut vive et dou ce tout à la fois. Mon fils, dès le premier cri qu'il jeta dans le monde où je trouve tant d'amertume, hélas fmon fils fut mon idole et mon Dieu, jel'aimai avec adoration... que pourrais-je te dire de plus fort ?... je l'ai mai comme je ne t'avais jamais aimé toimême, et cependant, tu m'es bien cher." Lambert demeura muet, le regard inter rogateur. — Mon grand bonheur était de rêver jour et nuit à 1 avenir de cet ornant; j'aurai vou- * lu qu'il fût riche,noble,prince!.,, que saisje? ma folie me faisait un empereur, et je me voyais toute chagrine en revenant à là réalité, en reconnaissant qu'Antoine ne se rait jamais que le fils d'unp pauvre paysan ne et le fils d'un pauvre soldat... — C'était mal de te fourrer en tête ces niaiseries-là, et, quoique tu aies bien fait d'agir au rebours de ta vanité, le ciel t'a punie dans ton enfant... Mais moi, mou Dieu, j'étais innocent, s'écria Lambert avec an goisse ; pourquoi donc m'avez-vous châtié ? — Ecoute-moi jusqu'au bout, poursuivit Antoinette : j'ai déjà trop de peine à me re connaître dans mon passé... Laisse-moi par ler......