Extrait du journal
Les bateaux parisiens larguent leurs amarres et de Maisons-Alfort ils voguent vers Suresnes, n'ayant pour fumée que l'haleine d'un skieur, pour rythme de turbine que le battement d'un cœur paisible et comme trafic que celui des amoureux." Ces bateaux, on les nomme « Mouettes » à Genève, « Mouches » à Lyon, « Hirondelles » ailleurs. A Marseille, ce serait au moins des steamers ; à Paris, ils sont simplement « Parisiens ». Peut-on l'être plus qu'eux ? Par leur trajet, ils unissent deux odeurs de friture, deux aspects de tonnelles, deux re frains de guinguette, deux dimanches en ban lieue. Donnant une raison d'être aux arches des ponts, ils longent le quai où les barriques s'amas sent afin de désaltérer la ville, celui sur lequel on vend les oiseaux et des fleurs, le Cours où Manon traînait les cœurs à sa suite, l'esplanade des défilés militaires et, se faisant presque visà-vis, ce Champ de Mars conquis par les nurses au nom de l'entente cordiale et le fronton contre lequel les Basques de Paris viennent jouer à la pelote en écoutant un,pâtre filer les chants pyrénéens. Ils dépassent le Point du Jour ainsi qu'un navigateur franchit le dernier cap portant un nom sur l'atlas et ils ne s'arrêtent qu'au pied de ce"'coteau qui, jadis, donnait le vin le plus gai de l'Ile-de-France. • C'est un voyage qu'on découvre de nouveau. Quel citadin le fit depuis quinze ans ? On at tend le vapeur.sur un ponton où la bise est' plus vive, que cerne un léger clapotis et qui se dandine au défilé des péniches... Sur un ponton, comme dans un port, rif" n'est plus plaisant que d'attendre. Vous n'êtes pas encore en chemin... pourtant ous n'êtes plus tout à fait immobile. Vous vous sentez en instance de départ, juste retenu par une passerelle et quelques cordages. Enfin vous voilà descen dant, ou remontant, le courant selon que l'ouest ou l'est vous appelle. Ne l'estimez pas trop lent... vous arriverez toujours à votre heure à la mort et comme on y va mieux en rêvant sans le vouloir, en se dé plaçant sans bouger, en écoutant sans enten dre, comme on le fait au fil de l'eau ! ....-V Philinte. 0...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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