Extrait du journal

Londres, 1" mars. — C'est dans un salon situé au troisième étage de la maison de la British Broadeasting Company, que S. M. le roi Edouard VIII s'est approché du mi cro pour prononcer le premier mes sage radiodiffusé à l'Empire. . Le souverain était revenu spécia lement de Fort Belvédère où il avait passé le week-end. Dans tçut le pays, les services religieux et les concerts avaient été interrompus tandis que les haut-parleurs amplifiaient la voix du roi. L'allocution a duré une dizaine de minutes. La diction, très nette, et la voix bien timbrée ont permis une excellente transmission. « Une ancienne tradition de la mo narchie britannique, a déclaré en commençant le souverain, veut que le nouveau Roi adresse un message écrit à ses peuples. La science me permet aujourd'hui de vous adresser un message plus personnel, et de vous parler à travers le monde par la T. S. F. Le Roi évoque le souvenir de son père » Ceci n'est pas une innovation, il est vrai ; mon père a parlé à ses peuples chaque artnée. Ces temps der niers, à la Noël, il y a un peu plus de deux mois, il vous adressait par la radio son dernier message, et beaucoup d'entre vous croient, sans doute, entendre encore le son de sa voix. Il parlait à la fin d'un règne long et magnifique, vingt-cinq ans, pendant lesquels s'étaient succédé des changements sans précédent, des angoisses communes, des problèmes qui étaient ceux de tous. » Pendant tout son règne, il a donné un haut exemple de constante dévotion au devoir, et sa première préoccupation a toujours été le bienêtre de ses sujets et de tous ceux qui étaient sous sa protection. Aux heu~ res' difficiles, sa calme confiance était pour tous ses peuples une inspiration et il partageait leurs joies comme leurs douleurs. » Le nouveau souverain s'est arrêté un instant, et sa voix a trahi son émotion lorsqu'il a évoqué le deuil qui a frappé avec la reine Mary la famille royale et lui-même, l'Empire britannique tout entier. C'est à l'In de, à ses princes et à ses peuples que vont ses premiers remerciements, en qualité de « Roi-empereur ». Puis il a dit sa reconnaissance aux mil liers de sujets dont il a reçu des té moignages et des lettres personnels de condoléances, aux milliers d'entre eux qui se sont pressés aux funérail les du défunt roi. « Pour la reine Mary, pour ma fa mille et pour moi-même, il est mer veilleux de savoir ainsi à quel point les grandes qualités de mon père ont été comprises et aimées. Ce n'est pas employer une simple formule que de dire qu'il a vraiment régné dans le cœur de ses sujets. » (Suite page 3, col. 4.)...