Extrait du journal

16 janvier. — Si la carrière de journaliste est émaillée d'orties, hérissée d'épines et jonchée de brous sailles, il y pousse aussi quelques fleurs. « Une vieille abonnée, mais jeune femme, » vient de m'écrire, d'un style tout parfumé de bonne grâce, une lettre char mante, sicharmante, que la modestie m'en interdit l'insertion. Mon aimable correspondante me remercie chaleureusement de quelques lignes des derniers Paris au jour le jour, mises au service d'une cause qui a tou tes ses sympathies et toutes les miennes. De si flatteuses adhésions sont la plus précieuse des récompenses. Ma mystérieuse abonnée termine ainsi sa lettre : « Adieu, monsieur; si j'étais garçon, ou vieille femme seulement, comme j'irais vous serrer les deux mains ! n Comtesse de B » "Ah ! madame, je ne vois pas la nécessité de ces tris tes métamorphoses^ Croyez bien que ni votre âge, ni votre sexe ne seraient un obstacle à ce que la main qui écrit ces lignes allât serrer les vôtres : au contraire, madame la comtesse, au contraire! — De jeunes Français viennent de partir pour Messine en assez grand nombre afin de mettre leurs cœurs et leurs épées au service de François 11. Figaro regrette de ne pas connaître les noms de tous ces généreux défenseurs de la plus noble des causes, mais il est heureux de pouvoir en enregistrer quelques-uns. Il signale avec empressement à la reconnaissance des courtisans du malheur ceux de MM. Gaston de Saint-Gilles, de Noé, le baron d'Hennin, Charles Patard de la Yieuville, de Saint-Martin, Jules Jannay, Chévrier, Aubry, Edmond de Lorgeril, de la Pierre, Edouard Chevreux, Le Guillon. Ce dernier emporte avec lui 30,000 francs qu'il va mettre à la disposition du monarque dépossédé....