Extrait du journal
Un peu pliis de cinq cent mille Allemands — cinq cent quarantetrois mille vingt-six exactement — ont voté contré M. Hitler dans le plébiscite. Je ne me raccroche point à ces cinq cent mille Allemands pour croire que l'opinion va changer de main en Allemagne, ni même pour louer le courage des minorités. L'espoir luit comme le brin de paille dans l'étable!... » Que compte le brin de paille sous le sabot du troupeau ? Non ! Point d'espérance, ni de vaine exaltation... Et cependant, le cas de ces cinq cent mille Allemands me fascine un peu plus que la foule délirante de la Wjlhelmstrasse. Ces cinq cent mille Allemands, quels sont-ils ? Comment se décomposent-ils socialement ? Quels sont leurs convictions, . leurs partis pris, leurs résolutions. Des communistes ? Des solitaires ? Des désespérés ? Excluons l'hypothèse d'ironistes ; il n'y en a plus en Alle magne — et le prix de l'ironie y serait d'ailleurs un peu cher. Car le plébiscite, on le sait, s'est fait au grand jour. Ces « cinq cent mille » ont dû dire « non » à haute voix. Et ils savaient qu'ils prenaient la responsabilité de leur négation. Je souhaiterais pour le respect humain et par un goût (déraisonnable, peutêtre, mais très prononcé) de la liber té, qu'il y eût parmi ces cinq cent mille quelques seigneurs, quelques intellectuels, et. quelques jolies fem mes spirituelles — enfin de ce petit nombre d'élus que M. Hitler appelle dédaigneusement des esthètes et aux quels, a-t-il affirmé au temps de sa première propagande, ne s'adresse raient jamais ses discours. ' Ces cinq cent mille prouvent que l'humanité la plus disciplinée, la mieux soumise aux mêmes enivre ments, conservera toujours ses réfractaires. Dans l'humain, il n'est rien d'absolu. Dans la majorité la plus solide se glisse toujours un con tradicteur, parce que c'est sa nature de l'être, parce qu'il ne se plaît que dans la négative, parce qu'il goûte l'ivresse de l'impopularité. C'est un être rare, — la plupart des hommes préférant les vivats aux réprobations et aux menaces ; mais lui ne se plaît que dans cette posture, dans cette opposition à la « majorité ' com pacte ». Il lui est égal d'être montré du doigt, désavoué par les siens, insulté par ses voisins. Bien mieux, il en éprouve une espèce d'ivresse par un accroissement de son dédain pour une foule qu'il méprise. Il y a beaucoup d'orgueil dans une telle attitude ; mais lorsque des intérêts très chers et la paix d'une existence en,sont la rançon, on peut tenir cet orgueil pour estimable. Que vont devenir les « cinq cent mille » dans cette population dont la sincérité ne fait point de doute ei qui doit considérer comme traî tres à la patrie ces gens entêtés de liberlé? Ibsen faisait dire à son doc teur Stockmann : « L'homme le plus fort, c'est l'homme le plus seul... » Force tonte relative! Et ces cinq cent mille Allemands, hélas ! ne comptent plus guère que comme une curiosité. Guermantes,...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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