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Le Figaro, 4 décembre 1934

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Le Figaro
4 décembre 1934


Extrait du journal

fërnientait déjà l'union sacrée. Par bon heur, cette union sacrée persista pendant toute la guerre. Mais une fois le danger passé, les anciennes tendances reprirent le dessus. Aujourd'hui, notre système pédagogique poursuit comme but unique le développe ment de l'individu considéré comme une fin en soi. Voici même qu'ouvertement des membres du personnel enseignant se don nent pour objet de détruire l'Etat et la société. Ce sont de tels maîtres qui élèvent nos fils dans l'ignorance ou le mépris de la patrie. Grandi dans cette ambiance, c'est par suite trop souvent sans idéal, sans enthou siasme, qu'au seuil de la maturité l'adoles cent se présente à la caserne. Il y fait un trop bref séjour pour que les lacunes de son éducation puissent être comblées. Que se passe-t-il cependant à l'étranger ? Les nationalismes qui remplissent au jourd'hui le monde ont commencé par étendre la main à la fois sur l'éducation et sur l'instruction, pour les faire servir l'une et l'autre au profit de la commu nauté. En Italie, c'est le gouvernement fasciste qui, non content d'amorcer dès l'école l'apprentissage de la discipline militaire, proclame sa volonté d'assurer au citoyen l'éducation et de donner à cette éducation un caractère guerrier. En Allemagne, c'est l'hitlérisme qui exerce sur la jeunesse la même emprise, inculque à la nation le culte de la guerre et, fort du suffrage de l'Universitç, entraîne le pays dans les voies d'un racisme exalté. La Russie à son tour, dans le but d'as servir l'individu à la prospérité de l'Etat révolutionnaire, enserre le peuple dans un cadre si rigoureux qu'aucun éducateur ne saurait s'y risquer à discuter un seul détail du régime. Ainsi se déroulent sous nos yeux les plus grandes tentatives d'éducation ctaliste de l'Histoire. Rassurez-vous ! ce n'est pas à cette forme d'éducation que je veux vous amener. Il faut admettre pourtant que la guerre moderne, entraînant dans la lutte toute la nation, faisant participer la population tout entière aux angoisses et au danger, exige de tous, hommes, femmes, enfants, autant que des combattants, une forte préparation morale. (Suite page 4, colonne 4.)...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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