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Le Figaro, 1 août 1903

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Le Figaro
1 août 1903


Extrait du journal

S. A: R. don Carlos a récemment adressé au vicomte de Bellevue, prési dent du Comité légitimiste de Bretagne, la lettre suivante que nous publions à titre de document : ; Venise, le 25 juin 1903. Mon cher vicomte, Le sang qui coule dans mes veines bouil lonne comme le vôtre, comme celui de tous ceux qui aiment la France, en présence desiniquités qui se commettent et en prévision des dangers qui menacent cette noble nation Elle se trahit elle-même e'n confiant la con duite de son gouvernement à des hommes qui sont plus soucieux de leur fanatisme sec taire que des vrais intérêts du pays. On peut être divisé par des opinions politiques, par des théories sociales, par des préoccupations d'avantages personnels ;. mais jusqu'à pré sent il était un point de ralliement général pour tous les Français : c'était l'amour de la patrie. En 1870, en dehors des luttes pour la forme du gouvernement, toutes les poitrines se tournaient vaillamment face à l'ennemi vic torieux et, dans, les désastres de la défaite, maintenaient haut l'honneur de la France. Aujourd'hui pourquoi, même dans le Parle ment, entend-on formuler des menaces contre le maintien de l'armée, sauvegarde du pays? Pourquoi voit-on frapper des officiers parmi les plus dignes et les plus capables ? Elle est pourtant disciplinée cette grande muette, im passible devant toutes les passions, forte, unie et vouée exclusivement à sa grande mission. Elle est pourtant la parfaite repré sentation du pays, puisque tous les Français, sans exception, revêtent son glorieux uni forme. Ce ne peut être qu'un résultat éphémère que célui que l'on obtient par la crainte, en s'appuyant sur des intérêts bas et égoïstes, en n'ayant comme soutiens ou. défenseurs que des hommes aplatis. Ceux qui trahissent, leur conscience de magistrats, de soldats et leur dignité d'hommes sont des traîtres disposés d'avance à toutes les désertions. Que ferait-on du noble caractère français, s'il ne se repre nait lui-même?- On dirait vraiment, que dans les veines du corps national on a inoculé un virus àntifrançais, qui en arrivant au cœur le refroidit, qui en arrivant à l'âme la tue. Que, dans son réveil,- notre chère France rejette au loin ces parias qui la déshonorent e;t l'écrasent. La désolante expérience qui est faite actuellement démontre le besoin absolu qu'a une société, de morale, d'honnêteté pu blique ; et où peut-on les trouver ailleurs que dans les. inspirations de la foi religieuse? Ce besoin ne vise pas seulement le génie de la nation, mais encore son existence maté rielle et sociale. Quoi qu'on fasse, la France, je l'espère, restera catholique ; elle le sera d'autant plus que l'on cherchera davantage à rompre les liens qui l'unissent à l'Eglise. Le cœur, la raison, l'âme d'une nation n'abdi quent pas, même devant une législation qu'un jour d'indignation emportera, en en rejetant les auteurs. C'est cette pensée qui me soutient aussi, dans mon dbuble exil, à l'égard de ma chère Espagne, où je vois se grouper autour de moi, avec un enthousiasme de jour en jour crois sant * les masses croyantes et fidèles. Notre chevaleresque Bretagne, eh défen dant ses religieux contre la force brutale, qui ne respecte ni de faibles et de saintes femmes, ni des prêtres ne voulant pas se dé fendre, redit une fois déplus qu'elle veut son Dieu, sa foi, sa liberté. Elle les gardera. "Vous en êtes fier, vous avez raison. Comme elle, la France tout entière saura, en appelant l'aide toute-puissante de Dieu réunir les forces vives, se retrouver ellemême, et rejeter ceux qui ne la connaissent pas, qui ne l'aiment pas et qui sont ses pires ennemis. C'est avec cet espoir que je vous exprime ma reconnaissance pour votre fidèle dévoue ment et que je demande à Dieu qu'il vous ait dans sa sainte garde. Votre affectionné, CARLOS....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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