Extrait du journal

On dit à satiété : « La Reine, en Angleterre, ne peut être qu'un soliveau ! » Mais pas du tout ! La Constitution qu'on invoque si volontiers contre elle lui confère au contraire des droits énormes. Cette Constitution, elle est partout, et on ne la trouve nulle part. Il faut aller la chercher dans la Char ta liber tatum, qui remonte au douzième siècle, dans la Magna Char ta du treizième, dans les commentaires de Blackstone, de Gneist, de Fischel, que sais-je? On en tirerait facilement deux, trois cents articles. Eh bien ! la Reine n'y est nullement sacrifiée. Prenons la politique extérieure : la Reine représente la nation dans ses rapports avec les puissances étrangères ; elle a seule le droit d'envoyer et de recevoir des ambassadeurs et autres agents diplomatiques ; elle déclare la guerre, elle conclut la paix, fait et défait les traités de paix, d'alliance et de commerce. Que voulez-vous donc de plus pour elle ? Et que répondre à M. Bagehot quand il prétend que, par le simple exercice de sa prérogative, elle aurait les moyens d'arrêter net le fonctionnement de la machine gouvernementale?...