Extrait du journal

Je ne veux pas parler du classique tergot, du.promeneur mélancolique, que les chansonniers accusent et ont accusé de tout temps d'être un flâneur insouciant et désintéressé, plaisanteries inoffensives qui n'empêchent pas que ces braves gens, souvent avec beaucoup de courage, nous rendent des services journaliers dont personne, au fond, ne méconnaît le prix. Il s'agit de la police secrète, parfois mêlée aux choses de la politique, police mystérieuse et anonyme, dont on s'est fort occupé en ces derniers temps. Cette police-là excite l'imagination des Parisiens. Beaucoup lui prêtent une action redoutable, voient son intervention partout, et, comme on disait aux beaux temps du romantisme, entendent toujours quelqu'un qui « marche dans leur mur ». Balzac, Gaboriau et les mélodrames du boulevard ont beaucoup faitpour grossir la légende du 'mouchard. Une des formes du délire de la persécution, chez beaucoup d'honnêtes et crédules citoyens, est de se mettre en tête que le pouvoir s'occupe-do leurs faits et gestes et les surveille avec une minutieuse attention....