Extrait du journal

d'Anvers est débarquée à Matadi, et par vient au Stanley-Pool remorquée par une locomotive. Mais il ne faut pas. ce? pendant se figurer que ce chemin de fer constitue une voie, de communication aussi parfaite que celles auxquelles nous sommes habitués en Europe. Si on avait voulu construire un chemin de fer pareil aux nôtres, il aurait peut-être fallu dé penser 200 millions et vingt mille vies. Il a donc fallu faire les choses modeste ment. On s'est contenté d'un"chemin de fer à voie étroite. La voie n'a que 0 m. 75 d'écartement. On a adopté des rails et des traverses du,modèle le plus résistant. Mais pour éviter les ouvrages d'art rui neux, il a fallu adopter, des pentes et des courbes qui feraient frémir en Europe. Il y a des pentes de 4 centimètres; par mè tre et des courbes de 55 mètres de rayon I On monte et on descend les montagnes par une suite de lacets ;Si rapprochés qu'à certains endroits deux locomotives qui- se sui vent ont l'air de,passer l'une sur l'autre en marchant en sens inverse. Aussi, sur une pareille voie, on ne peut t>as songer à lancer des trains bien ourds. Une locomotive de trente tonnes peut remorquer trois. wagons portant chacun dix tonnes , de marchandises, et c'est tout. Avec les tarifs d'Europe, une exploitation pareille serait ruineuse. Mais il faut se rappeler, que nous sommes en Afrique dans. une région où .le seul moyen de transport connu, c'est .le por teur indigène qui met trente jours en moyenne pour porter une charge de 30 kilogrammes de Matadi au Stanley-Pool. Dans ces conditions, le transport d'une tonne de marchandise revient à 1,500 francs : le chemin de fer la transporte pour 1,000 francs. C'est donc encore une grosse économie pour le commerce. Et avec ce tarif-là le chemin de fer réalise de gros bénéfices.' . Tous ces détails, sembleront probable ment bien longs et bien techniques aux lecteurs du Figaro. Mais il fallait bien les donner ! J'ai préféré les donner tout de suite, pour n'avoir plus à y revenir. Dans mon prochain article, je leur par lerai de mes impressions de voyage. Baron Ed. de Mandat-Grancey.-...