Extrait du journal
Voici le discours prononcé par le nouveau président de la République répondant aux allocutions d'investiture du président du Conseil et du vice-président du Sénat. Mes chers Présidents, Mon émotion est profonde. Vous comprenez que je l'éprouve intensément à cette heure solennelle pour moi où m'échoit un honneur que, dans les rêves les plus ambitieux que ma jeunesse a pu former, je n'aurais jamais osé concevoir. Elle m'est douce aussi. Les félicitations cordiales et les paroles d'aimable bienveillance que, tour à tour, vous venez de m'adresser, mes chers Présidents, me touchent infiniment. Elles me sdnt d'un puissant réconfort. \ Ce réconfort, je le puise encore dans la fierté d'avoir pu mériter cette haute marque de confiance que mes collègues du Parlement viennent de me donner avec tant d'unanime spontanéité et dont je leur adresse l'expression de, ma profonde gratitude. Je me rends compte du grand devoir que ce suffrage m'impose.. Je mesure à sa valeur tout le poids de la charge qui m'est confiée. Ce n'est plus le temps de s'en effrayer. Je dois, et je m'y engage, envisager avec courage et fermeté lâ mission que le pays, par la voix de ses représentants, veut bien m'assigner, et l'assumer sans hésitation ni défaillance. Où pourrai-je, pour la remplir dignement, trouver une meilleure leçon que dans la vie et dans la mort de celui qu'un abomi nable attentat vient d'enlever à la République, et que, dans une stupeur indignée, pleure la France tout entière ? Il nous lègue l'exemple d'une longue et noble existence de travailleur acharné, de républicain fils de ses œuvres, symbole idéal de notre démocratie. Il sut avec dignité allier aux plus hautes vertus familiales le ferme stoïcisme d'un citoyen de l'antiquité. Que cette mort qui 1e frappe inopinément debout à son poste de commandement soit pour nous inspirer de salutaires réflexions. Puisse cette heure de deuil voir se tendre des mains fraternelles. Puisse dans les larmes que nous arrache la mort de ce grand Français se cimenter davantage l'union des cœurs plus que jamais nécessaire aux destinées glorieuses de la Patrie. Pour moi, qui, né aux marches de l'Est, lui ai toujours donné le meilleur de moi-même et qui ne veux être jamais que son pre mier serviteur discipliné, je reprendrai le flambeau que Paul Doumer vient de laisser échapper de son étreinte expirante et continuerai fidèlement la tradition qu'il me lègue. A la tâche qui m'est imposée, soyez assurés que je saurai me consacrer tout entier avec ma volonté, ma conscience et mon dévoue ment. Moi aussi, fils ardent et fidèle de la République, au-dessus des querelles de partis où je ne veux discerner que le sentiment commun d'émulation qui les peut provoquer, dans le respect du rôle que me dicte la loi constitutionnelle du pays, avec le concours des Chambres, dans l'accord moral de la nation unie à ses élus, je m'appliquerai à mener à bien l'œuvre de relèvement et de progrès, dans l'ordre et le travail intérieurs comme dans la paix au dehors, cette paix à laquelle loyalement aspirent tous les Français, estimant l'avoir scellée pour jamais dans le sang de tant de nobles enfants....
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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