Extrait du journal

Avant de quitter Paris, on se réunit entre con frères de toutes corporations; C'est une tradition à laquelle les avocats n'ont garde de man quer. Un dîner, auquel assistaient ces jours derniers une douzaine de Chers Maîtres, et non des moin dres, fut particulièrement brillant. Notre sté nographe habituel, qui est toujours là où il faut être, nous transmet les propos qui s'y échangèrent. C'est une suite tout indiquée à la Galerieclu Palais, de notre défunt confrère Pierre Corneille, On en est à l'entremets.La conversation va deci de-là, égratignant un peu au passage les confrères qui n'ont pas été assez modestes pour rester tout à fait obscurs. C'est une conversation à bâtonniers rompus. On accuse plus volontiers qu'on ne plaide — his toire de changer un peu. " Premier cher maître. — Quoi que vous en disiez, je suis pour les traditions et j'estime déplorable qu'un ancien bâtonnier n'ait pas été réélu du Conseil de l'Ordre. Un stagiaire ingénu.'—Mais, quelle a été la vraie raison de l'échec de M® Pouillet ? Deuxième stagiaire. — La raison de der rière la toque ? , Premier cher maître, remontant d'un geste professionnel ses manches absentes. — Son titre d'avocat des Crawford était fâcheux. Cela pourtant pouvait se plaider, car il y avait un mérite tout particulier à défendre des êtres imaginaires. Deuxième cher maître. — Les absents, et à plus forte raison les gens qui n'existent pas, ont toujours tort. Troisième cher maître. — Ce qu'il y a eu de déplorable pour notre ami Pouillet, que nous aimons tous ici et qui est un de nos maî tres... Tous. — Oui, oui ! Troisième cher maître. — ...ou du moins on le dit... Tous. — Oui, oui ! Troisième cher maître.— ...ce qu'il y eu de déplorable, reprends-je, c'est cette phrase dé terrée dans une de ses plaidoiries : « On ose,...