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Le Figaro, 16 mars 1856

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Le Figaro
16 mars 1856


Extrait du journal

Un petit bonhomme de quatorze ou quinze ans. bien pur de toute latinité, les doigts encore meurtris des coups de règle d'un maître d'écriture, élève de Brard et Saint-Omer,—Car on ne disait pas encore calligrapke, — bien frotté de Barème, fils d'un marchand, était envoyé chez un autre marchand par son papa, avec recomman dation de convertir autant que possible en vache enragée les six cents livres qu'on allait payer pendant deux ans pour son apprentissage. Soyons juste : la recommandation était prise à la lettre. Le boutiquier achetait, recevait, déballait, marquait les marchandises, faisait tous les deux ans un grand voyage en fabrique : Rouen, Saint-Quentin, Sédan et Lyon (c'était déjà une hardiesse). Il surveillait la vente et savait, pour ramener une pratique découragée, faire sourire son profil gauche, tandis que le profil droit fou droyait le commis inexpérimenté. Sa . femme tenait les livres et la caisse. Une grosse servante normande, picarde ou flamande, faisait le dîner, lavait la devanture, ouvrait et fermait la boutique en se faisant aider par l'apprénti pour placer ou serrer les volets, les boulons el les clavettes (vieux système de fermeture). S'il arrivait parfois que le pauvre adolescent souf frît —à son insu—de ses appétits comprimés, de ces éma nations aigrelettes que dégage l'apprêt des étoffes neuves, la patronne avait un coup d'œil éloquent pour en avertir son mari, et celui-ci disait, en regardant l'apprenti entre les deux yeux : — Voila un garçon qui n'est pas sage; il a besoin d'air... N'avons-nous pas l'article B. G. 0. à rendre chez uû tel? Va, mon garçon!... ah! à propos, tu dînes avec nous dimanche... Soixante kilos à porter, mais une heure de marche dans les rues de Paris, avec la liberté de penser 'a... n'importe quoi ! Oh ! par exemple, s'il tombait malade!... A. lui le médecin de la famille, l'apothicaire de la fa mille ! L'égoïste marchand, la sèche bourgeoise, deve naient un père et une mère... admirables! Le petit bonhomme grandissait, passait, en suivant les lois de la hiérarchie la plus scrupuleuse, par tous les grades de la profession, puis reprenait les affaires de son...

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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Données de classification
  • legendre
  • victor cochinat
  • barbot
  • georges gilbert
  • sédan
  • brard
  • b. jouvin
  • rouen
  • lyon
  • paris
  • olympe
  • jupiter
  • smue
  • comité d'administration