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Le Figaro, 16 novembre 1931

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Le Figaro
16 novembre 1931


Extrait du journal

Le discours prononcé hier, à Besançon, par M. Jean Fabry, président de la commission de l'armée de la Chambre, — discours dont nous don nons plus loin les principaux passages, —• est appelé à un certain retentissement en Europe, au moment où une virulente campagne pacifiste pro page dans le monde de périlleux sophismes con cernant le désarmement. Après avoir rappelé que la France a réalisé en dix ans un abattement de 60 0/0 sur ses effectifs instruits, l'orateur a déclaré qu'elle ne pouvait aller plus loin sans imprudence grave. Malheureusement, l'imprudence est commise et la plus folle imprévoyance a présidé aux destinées de-nos forces militaires. Quand, au cours des années 1925 à 1928, on a procédé à la réorganisation de l'armée, on n'ignorait pas qu'une « commission préparatoire » siégeait à Genève pour mettre au point la formule, d'une revision des forces mili taires de l'Europe. On devait prévoir que nos réductions spontanées ne nous vaudraient aucun ménagement spécial, et puisqu'on savait qu'on aurait à mener sur cette question un combat défensif, il ne fallait pas, de propos délibéré, retraiter jusqu'au dernier retran chement. Il est un peu tard aujourd'hui pour essayer de se donner de l'air. L'argumentation de M. Fabry aurait été plus forte si cette erreur avait été reconnue, et ses très justes remarques sur la conférence du désarme ment n'en auraient eu que plus de valeur. Il déclare que le désarmement général est impos sible, que l'égalité des armements est chimérique et qu'il s'agit, en réalité, pour l'Allemagne, de tirer avantage de son « potentiel » d'agression. Il pré conise, comme unique solution, la création d'une force internationale, encore que, de son propre aveu, cette force ne puisse jamais garder qu'un caractère punitif et soit certainement hors d'état d'assurer la sécurité des nations pacifiques et de les garantir de toute attaque brusquée. Il faut se féliciter d'entendre enfin un parle mentaire éminent dire courageusement ces vérités essentielles^ Mais cela ne doit pas se borner à des discours et comporter des conclusions imprécises. Une presse nombreuse, une propagande impu dente empoisonnent en ce moment l'opinion publi que, lui font espérer que la conférence du désar mement, sera l'aurore d'une.ère rie paix universelle et que seuls y sont opposés de ténébreux profiteurs d'une nouvelle guerre. Où se trouve la contre-partie ? Qui démasque ces grossiers mensonges ? Qui ose dire la vérité sur la conférence en question ? Seuls dans la grande presse, nous avons entre pris ici une campagne pour démontrer, preuves en mains, les périls certains de cette assemblée, et nous devons avouer que notre campagne n'a rencontré d'écho que dans les Amis du Peuple et certains quotidiens de province. A notre connais sance, les journaux où M. Fabry lui-même possède quelque influence n'en ont pas soufflé mot. Ge n'est pas pour nous décourager. Mais nous espérons que le discours de Besançon n'est qu'un commencement. Nous aimerions apprendre que, à leur tour, quelques hommes politiques se déclarant nationaux vont prendre leur bâton de pèlerin pour aller aux quatre coins du pays crier : « Cassecou ! » aux Français. C'est à ce prix seulement qu'on méritera de se classer parmi les défenseurs de la cause nationale. Lucien Souchon....

À propos

En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.

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