Extrait du journal

et des conducteurs d'ouvriers, ils ont voulu, eux aussi, se plier aux mœurs du prolétariat. Au reste, l'insurrection n'é tait point grave. Ces jeunes révoltés ne -demandaient pas : « Du pain », comme firent les révolutionnaires de 1789, mais des biftecks. Futurs ingénieurs, habitués aux . .travaux difficiles, ils trouvaient presque impossible le percement des biftecks fournis à leurs dents juvéniles par l'adjudicataire du réfectoire ; et ils avaient raison, paraît-il. En réalité, ils voulaient surtout pren dre'leurs repas en dehors de l'Ecole. Ce droit, longtemps contesté, leur est enfin reconnu par le directeur. Chacun d'eux sera libre désormais, entre midi et une heure et demie, d'aller déjeuner dans les restaurants des environs. Les élèves pri vilégiés se rendront dans les cabarets élégants ; ceux qui sont moins fortunés se contenteront de modestes brasseries. Ainsi le sentiment de camaraderie égalitaire, que créaient entre les élèves la communauté de la vie scolaire et le sou venir des luttes soutenues ensemble contre les mêmes rôtis, s'atténuera peu à peu. Et cela est peut-être regrettable... Quant au réfectoire, désormais sans emploi, il servira d'asile à un musée, analogue à celui qui fonctionne déjà aux Arts et Métiers,. A partir de demain, 011 procédera au dé'ménagnment, mais les élèves rentrent dès aujourd'hui, et ce matin même les cours de l'Ecole recom menceront....