Extrait du journal

« La crise du dindon .semble conjurée. » (Jourx.u'x.) De la Moselle au Finistère Et de Carcassonne à Redon, Chacun chuchote avec mystère : — « Avant celle du ministère, Voici la crise du dindon !» Ne parlons que de la seconde, Comme offrant le plus d'intérêt ; Donc, de notre France féconde La dinde à face rubiconde Quand vient décembre disparaît. Et cela tout simplement parce Qu'au poids de l'or chez l'étranger Cette marchandise est éparse. C'est nous les dindons de la farce, Une fois encor, pour changer! Par atavisme, où que tu ailles, Tu cherches, bon réveillonneur. Parmi les grasses victuailles La dinde, reine des volailles, Chez lés tiens jadis en honneur. Ainsi dans l'usage on se noie, Et pour lui nous nous déclarons, Bien que Ponchon chante avec joie : — « -Prenez de préférence une oie Pour faire une'dinde aux marrons. » Mais pourquoi se mettre en cervelle Un tas de soucis superflus ? ' Un journal du soir nous révèle Cette bienheureuse nouvelle, Que nous en aurons tant et plus! Grâce aux éleveurs de Sologne (Vive la Sologne, Messieurs !) Nous pourrons goûter-sans vergogne, En sablant Champagne et bourgogne, A Noël ce mets précieux. Voilà qui d'un poids nous délivre ; Et puisqu'aujourd'hui la truffe est A quarante-cinq francs la livre Au lieu de cent, il fait bon vivre En ces jours où tout est parfait !... Hugues Delorme....