Extrait du journal
Vers l'année 1816, Pierre Seveste, on ne sait trop pour quoi, fut privé tout d'un coup de la place qu'il occupait au théâtre de la riie de Chartres, et qui le faisait vivre. U était pourtant alors dans toute la force de l'âge et du talent. Une fois gratifié d'une liberté qui l'attristait fort et dont il se serait fort bien passé, je vous jure, il chercha cependant à utiliser une vaste intelligence, une vie pleine de jeunesse et d'activité. Né, pour ainsi dire, dans le théâtre, ayant vécu jusqu'alors dans ce monde à part, pouvait-il penser à autre chose? C'é tait matériellement impossible. Seulement, il ne voulait à aucun prix recommencer son métier de comédien, auquel il s'était voué corps et âme pen dant quinze ans, pour lequel il avait toujours fait preuve d'un zèle infatigable, dont on l'avait si étrangement récom pensé ! D'esclave, —car, dans ces conditions-là, l'état de comédien est un véritable esclavage,— d'esclave, il voulait devenir mattre à son tour ; c'est-à-dire que des idées de direction lui passèrent aussitôt par la tête. — Du resté, règle géné rale, dès qu'un acteur est sans place, sa pensée dominante, c'est celle-là! Etre directeur!... Voilà pour lui le me plus ultra des jouissances terrestres!... tant qu'il ne l'est pas!... Il est vrai de dire qu'il l'est rarement!... C'est une terrible besogne que de parvenir à enlever d'assaut le privilège d'un théâtre parisien. — Demandez plutôt à Charles Desnoyer. Pierre Seveste, qui ne manquait pas de sens, savait mieux que personne les difficultés innombrables qu'il aurait à sur monter pour arriver à un semblable résultat; aussi ne fut.-il pas assez fou pour solliciter un privilège qu'il savait devoir lui être infailliblement refusé.— Seulement, il réfléchit, avec quelque raison, que cette bonne ville de Paris qui possédait alors (en 1816) onze salles de spectacles, en tout et pour tout, en avait possédé cinquante et une après la Révolution, une fois que la liberté complète des théâtres eut été bien et dûment proclamée.— Ce à quoi il réfléchit surtout, c'est que, sur ces cinquante et un temples artistiques, les deux tiers au moins n'étaient exploités que par des élèves dramatiques et de simples amateurs. Vous pourrez, au reste, vous en convaincre comme lui, en prenant la peine de consulter la liste suivante et en' jetant...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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