Extrait du journal

Pendant que tous ces abonnés anciens et nouveaux, dont je n'ai pas l'honneur d'être personnellement con nu, nous apportaient le montant d'un abonnement de trois et six mois, ou d'un an, nous recevions dans le bu reau du rédacteur cette autre foule de visiteurs et d'a mis ou ennemis qui encombrent à toute heure de la journée le coin réservé, pour se brouiller ou pour se raccommoder avec nous, suivant les circonstances. Tenez, hier, au moment où nous nous y attendions le moins, nous avons vu entrer mademoiselle Duverger, qui a tout récemment fait condamner le Figaro à mille francs d'amende et qui Tenait, néanmoins, réclamer en personne contre une petite nouvelle de théâtre, tout comme si Figaro l'avait vue pour la dernière fois dans son salon et non à la sixième chambre. Je vous prie de croire, que la visite de mademoiselle Duvergern'a pas été le point de départ d'un drame terrible. Elle est venue jouer en passant, avec notre ré dacteur en chef, une scène détachée d'une aimable comédie. — Me voici, a dit l'actrice. — Tant mieux, a répondu le rédacteur en chef. — Yous ne m'en voulez donc plus? a continué made moiselle Duverger. — Ma foi,Je ne m'en souviens pas. — Alors nous ne sommes plus brouillés? — Je n'en sais rien, fit M. de Villemessarrt, je n'ai pas le temps de m'occuper de ces choses-là. Si vous étiez une grue , je ne vous pardonnerais jamais. D'ailleurs, je dois avouer que j'ai peu d'ordre dans mes amitiés et mes haines, mais je viens d'engager un com mis spécial qui fera mon bilan à la fin de chaque mois, et me dira au juste combien j'ai d'amis ou d'ennemis....