Extrait du journal

On a cru pondant longtemps que Paris ne se composait, comme toutes les autres villes, que de trois classes de la société: des gens du monde, de la bourgeoisie et du peuple. C'est une erreur; chacune de ces trois classes se divise en plusieurs sous-fractions, dont la plus curieuse est sans doute le faux grand monde qui grouille au-dessous du monde véritable èt qu'on pourrait appeler le "demi-grand monde. C'est le trait d'union entre les salons de la véritable société française et les bas-fonds de la galanterie parisienne. Les femmes du monde de ce milieu particulier se distinguent des autres par l'odeur de tabac qu'elles remportent des cabarets où l'on soupe et par un langage particulier qui ne se distingue de celui des demoiselles tarifées que par une certaine forme venant de l'éducation première. Entre une fille de duchesse qui fait la fête et une fille de por- 1 ticr qui cascade dans le cabinet à côté, la distance n'est pas énorme. Pour le reste, les mômes hommes disent les mômes bêtises des deux côtés de la cloison, dans le même ton débraillé, et on raconte aux femmes les mêmes histoires. La différence d'origine ne se trahit que dans la façon d'écouter les choses; la cocotte simple s'ennuie et la cocotte du monde s'amuse à les entendre; de ce ;ôté de la cloison c'est le vice, de l'autre c'est la débauche. Voilà toute la différence mais elle est sensible....