Extrait du journal
dame Prudhomme. Alorsj il faut enten dre les réflexions idiotes : « Comme elle a l'air fatigué par la vie qu'elle mène ! » La pauvre femme n'a guère dormi à SaintLazare ! Presque toujours elle "essuie violemment sa bouche avec son mou choir, pour y rappeler la salive qui man que. On sait ce phénomène produit par l'émotion. Alors M. Prudhomme dit sentçntieusement : « Ses lèvres coupables la brûlent. » Sur dix de ces femmes, il y én a qua tre hystériques ou nervosiaqu'es. Une, affolée par un dél.ire froid — tête' de feu sur un torse de marbre. Quatre qui ont été mal élevées, ou perverties par la pension même — que sera-ce du lycée de jeunes filles? — ou qui ont été mal conduites et irritées par leurs maris...» Enfin,ilyenaunequi reste mystérieuse. On ne.sait vraiment si elle est coupable dans le sens de la Loi. ' . Or, c'est précisément cette dernière femme, peut-être innocente, qui fait le plus ouvertement aveu de sa faute. Oui, certes, elle a aimé l'homme qui est assis à côté d'elle. Elle a été coupable, selon la grande èt sévère loi de morale... On de vine pourtant que l'adultère n'a pas été consommé, selon la volonté expresse de la Loi. Elle est donc absolutaerit' inno cente selon la doctrine et la jurispru dence. Mais elle s'est sentie coupable au point, de vue de son honneur de_ femme, cap« elle a un cœur honnête quoique faible. Elle a dit : «Pardon! »: Et elle est condamnée par ce mot! Au contraire, la vraie coupable dira, si elle est habilement conseillée : « C'est faux...prouvez ! » m * * . Oui, les preuves? une bonne part de l'idiotisme de la Loi e§t là. La Loi veut ce qu'elle appelle le flagrant délit. Pour le trouver, un mari que vous vous rappe lez, poussa sa femme dans les bras de l'amant — la tua dans une mansarde de la rue des Ecoles, fut condamné à six ans de réclusion, déshonoré, perdu... et tout cela, parce que la loi d'adultère est mauvaise. Cette loi tue la femme et le mari — et point l'amant ! A coup sûr la Loi veut le délit brutal ou sa preuve certaine écrite — parce que son principal but est de protéger l'enfant légitime contre la1 venue d un enfant étranger au père. Si ce n'était point là son intention, la Loi n'aurait point établi une différence énorme entré l'adultère de la femme et l'adultère de l'homme. . Cette différence est si grande qu'à vrai dire l'adultère légal dé l'homme n'existe pas. En effet, il n'existe que lorsque la concubine est dans le. domicile conjugal. Alors il est regardé comme une injure gravç pour la femme. Soit 1 Mais définissez une bonne fois le flagrant délit de la femme. Ne laissez pas l'arbitraire le plus inouï régner dans les tribunaux de France. Ce qui est flagrant délit à Paris ne l'est pas à Versailles ! M Le Code pénal qtli toujours punit la tentative de crime, ne punit jamais la tentative, de délit. Donc, toutes les ten tatives d'adultère devraient être regar dées par la loi d'adultère comme non délictueuses. Cependant ces tentatives sont souvent punies. J'ai sous les yeux un jugement qui condamne une femme pour adultère. Le tutoiement, employé par elle dans ses lettres au complice présumé, y est re gardé comme la preuve du flagrant délit ! Cela renverse toutes les idées que nous avons sur cette question plus ou moins vécue. En .amour, la femme la plus honnête s'affole, sans devenir cou...
À propos
En 1854, quatorze ans après la disparition du petit journal subversif du temps de Charles X, Hippolyte de Villemessant relance Le Figaro. Paraissant d’abord sous la forme d’une petite feuille de chou littéraire, Le Figaro absorbe L’Événement en 1866 pour devenir, sans transition, le grand quotidien conservateur que l’on connaît. Dès les années 1880, il abandonne la cause du monarchisme pour adhérer aux principes républicains.
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