Extrait du journal

- < ' • l'alibi Il ne faut plus dire qu'il n'est pas bon d'aller au café. Il ne faut plus dire" qu'on y altère sa santé, et qu'on y apprend l'oisiveté, qui est la mère de tous les vices. Un honnête homme, et qui veut passer pour tel, doit aller au café. Même on ne saurait trop lui recom mander d'y être bruyant et familier, de causer longuement avec le garçon, et de donner son avis sur l'impasse au manillon qu'a impru demment risquée un joueur malchanceux. Car il ne suffit pas d'aller au café. Il est . encore indispensable que tout le monde vous y voie. Ainsi M. Houssard, s'il n'avait eu l'excel lente idée d'aller se rafraîchir bien gentiment au café de la Ville, à Tours, juste au moment où son cousin Guillotin était misérablement assassiné, M. Houssard serait sans doute, à l'heure où nous sommes, sous les verrous. En effet, la justice le soupçonnait, et le juge lui posait des questions insidieuses. Mais voilà que le patron du café le recon naît, et le garçon et trois consommateurs. Voilà que M. Houssard donne des détails. Il a vu un chien jaune mendier du sucre à la terrasse du café. Il a vu deux jeunes fem mes. Il a vu... il est sauvé. Nouveau prétexte, nouveau et admirable prétexte à fournir aux épouses irritées : « C'est vrai, je suis resté longtemps au café. Mais savais-je si on n'assassinait pas quelqu'un ? C'est mon alibi que je préparais. »...